Maintenir ses couverts jusqu’au printemps : une piste intéressante ?
Maximiser la biomasse produite par le couvert, permettre aux légumineuses de capter un maximum d’azote atmosphérique, retarder la minéralisation du couvert, protéger le sol contre l’érosion … sont autant de raison qui peuvent justifier de conserver les couverts vivants jusqu’au printemps. Néanmoins des dis-services potentiels sont souvent mis en avant : consommation d’eau au détriment de la culture suivante, retard de mise à disposition des éléments minéraux, risque de salissement des parcelles. Depuis trois ans, deux essais sont mis en place chaque année par le projet Multifonctionnalité des couverts d’interculture pour identifier l’impact du retard de destruction sur la culture suivante. Ainsi sont mesurés la biomasse du couvert, sa richesse en azote, le stock d’eau et d’azote du sol mais aussi la productivité du maïs suivant et la quantité d’azote absorbé.
Une amélioration notable de la biomasse produite
Les espèces non gélives ont un réel potentiel de production au cours de l’hiver et en début de printemps. La plupart des trèfles (incarnat, Micheli, Alexandrie) mais aussi certaines vesces (velue) continuent en effet de se développer si bien que, même si leur présence se fait discrète en automne, ils représentent la majorité du couvert en sortie d’hiver. Dans le cas de l’essai de Dorengt, ils permettent de donner une seconde chance à un couvert (> 4,5 t) qui s’est peu développé à l’automne (<2 t). Les légumineuses non gélives peuvent prendre la place des autres espèces comme dans le mélange Phacélie-Vesce velue. Il s’agit alors de couverts relais tels que décrits par Tribouillois et al. (2014).
Figure 1: Couvert Avoine rude + Vesce + Trèfle incarnat + Feverole (01/04/20)
L’ensemble de ces résultats et, plus largement, ceux du projet seront bientôt disponible.
Vous pourrez les retrouver lors du colloque de restitution qui aura lieu le 17/11 à Saint Pierre Aigle (02)
Plus d'infos : r.crignon@agro-transfert-rt.org
Mieux gérer l’azote sur son territoire, interview sur les prémices d’un projet
Présentation de la personne interviewée
Marion Delesalle en charge du projet GAZELLE* Gestion de l'AZote par les rEsultats, dont l'azote potentieLlement LEssivable à Agro-Transfert Ressources et Territoires
Comment a émergé votre projet ?
Il commence à y avoir un consensus Etat / Profession sur le fait que les moyens imposés aux agriculteurs pour limiter les pertes de nitrates vers les nappes, sont lourds sans être toujours efficaces. Même si, la majorité des masses d’eau sont dans un « bon état quantitatif », leur état chimique, reste insatisfaisant. Il est souhaité de nouvelles approches plus efficaces et moins rigides.
Par ailleurs, le 6ème programme d’actions régional pour la mise en œuvre de la directive Nitrates (2018-2022) comporte un nouveau volet « accompagnement » non réglementaire, qui ouvre la porte à l’innovation.
L’objectif est de mettre à disposition des acteurs agricoles des méthodes et outils techniques nouveaux pour améliorer l’efficacité de la gestion de l’azote sur le territoire.
Agro-Transfert-RT s'est vu confiée la conduite de l'une de ces actions d’« accompagnement », dont l’objectif des d’identifier et combler les besoins pour limiter les pertes d’azote, par de nouvelles approches.
Quel est l'objectif du projet ?
L'objectif du projet GAZELLE est de proposer des innovations en région sur le pilotage de l’azote par objectif de résultats et non plus par objectif de moyens. La demande est d’aboutir à une démarche et des outils opérationnels pour les acteurs agricoles régionaux. Le principe sous-jacent à vérifier est que des objectifs de résultat mesurables, avec plus de libertés de moyens, seraient plus efficaces en matière de préservation de la qualité de l'eau.
Quels sont les partenaires impliqués ?
La mobilisation et la complémentarité des partenaires sont à souligner. Les principaux acteurs impliqués sont les chambres d'agriculture (Nord - Pas-de-Calais, Aisne et Somme), le LDAR (Laboratoire Départemental d'Analyses et de Recherche de l'Aisne), l'ISA de Lille (Institut Supérieur d'Agriculture ) la DREAL ainsi que certains instituts comme l'ITB (Institut Technique de la Betterave), Terres Inovia (protéa-oléagineux) et l'APEF (Association des Producteurs d'Endives de France).
De quelle façon vont-ils y participer ?
Dans la première phase du projet, l'ensemble des partenaires contribuera à l'état des lieux des connaissances et des besoins à travers leur expertise, le partage de bibliographie et des résultats de projets passés.
Ils participeront à la construction de la nouvelle démarche d'accompagnement des agriculteurs à travers leur longue expérience dans l'animation de projets sur l’azote ; leur expertise dans le traitement des données ; leurs connaissances du terrain et des résultats autres qu'environnementaux à atteindre ; ou encore à travers le partage des données d'expérimentation ou de suivi de réseaux de reliquats.
Les simulations de ces données avec des outils comme Syst'N, qui simule les flux d'azote et diagnostique les pertes d'azote au sein des systèmes de culture, permettra d'améliorer l'interprétation faite des reliquats début drainage, indicateur qui sera au centre de la démarche d'accompagnement.
Enfin, les chambres d'agriculture seront en première ligne pour mobiliser les groupes d'agriculteurs. Ceux-ci testeront la démarche à partir de 2022.
Qu’est-ce que votre projet va apporter aux agriculteurs et aux conseillers ?
Les résultats du projet permettront aux agriculteurs une meilleure prise en compte du lien pratique-pertes d’azote dans leurs systèmes et des situations à risques, ainsi que des outils et des leviers à mobiliser pour améliorer la gestion des flux d'azote dans leur système : meilleure efficience, réduction des pertes, gestion du risque.
Les conseillers disposeront d’une véritable boîte à outils (guides, rapports, fiches cas-types) pour s'approprier les leviers mobilisables et la démarche d'accompagnement, et ainsi, adapter leurs conseils.
Quelles sont les prochaines étapes ?
Le prochain comité de lancement permettra de valider le partenariat (et le nom du projet !), de faire un premier état d'avancement des actions et de faire intervenir Dimitri Wouez, directeur de la structure Protect'eau. Cette structure encadre la démarche d'accompagnement des agriculteurs de Wallonie pour limiter les pertes de nitrates à travers une obligation de résultats (nous aimerions nous inspirer de cette démarche pour construire la nôtre, adaptée au contexte des Hauts-de-France).
D'ici là, l'état des lieux des connaissances continuera. Nous co-encadrons avec la DREAL un stage de fin d'étude sur la structuration d'un réseau de références de reliquats azotés en région.
Par ailleurs, un projet d'étudiants ISA est en cours pour analyser l'historique de politiques publiques depuis le début de la directive nitrates ainsi que l'état de la qualité de l'eau en région.
Enfin, nous proposons deux offres de stage 3 mois cet été. Le premier sera co-encadré avec le LDAR et portera sur l'évolution des systèmes de culture et des reliquats en région ; le second, sur la modélisation des interactions entre systèmes de culture et pédo-climats vis-à-vis des flux d'azote.
*nom provisoire
Votre avis nous intéresse !
[Enquête] Que pensez-vous des engagements des filières agro-alimentaires dans une gestion plus durable de leurs approvisionnements ?
Avez-vous déjà entendu parler de la qualité des sols en agriculture ?
Prenez 5 petites minutes pour répondre de façon anonyme. Merci !
https://docs.google.com/…/1FAIpQLSePBFd-hM3hoBbMx…/viewform…
Cette enquête rentre dans le cadre d'un Projet Européen d'Innovation sur le Fertilité des Sols porté par Agro-Transfert RT, Earthworm Foundation, Chambres d'agriculture Hauts de France et Chambre d'agriculture de la Somme, Gitep, Peri-G, CETA Hauts-de-Somme et avec l’appui d’Hubert Boizard (ex-INRA), LDAR, Bonduelle, Nestlé