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Adventices

Biologie des adventices

Chénopode blanc

Caractéristiques biologiques

Le Chénopode blanc , Chenopodium album, est une dicotylédone annuelle de la famille des Chénopodiacées

C’est une adventice qui s’adapte à tous les types de sol. Elle se retrouvent dans toutes les cultures de printemps et d’été, en particulier les cultures sarclées, voir dans les semis précoces de colza.

Dormance

Qu'est ce que la dormance ?

Une graine est dite dormante lorsque, quel que soit les conditions environnantes, elle ne germe pas. Il existe deux types de dormance : 1) la dormance primaire, caractéristique des graines produites l’année en cours, 2) la dormance secondaire, état dans lequel retourne la graine si elle n’a pas germé pendant la période propice. Selon les espèces, ces processus sont plus ou moins marqués et les facteurs entrainant l’induction et la levée de dormance plus ou moins connus.

Dormance primaire

Les graines de chénopode présentent généralement une dormance primaire (enveloppe de couleur noire). En conditions de maturation sur la plante-mère non stressantes, 97 % d’entre elles sont dormantes (Loades et al. 2023). Les graines non dormantes sont de couleur marron. Leur proportion augmente lorsque la photopériode est courte.

Ces types de graines illustre deux stratégies : la première de conservation long terme, pour assurer la survie de l’espèce dans le temps . La seconde est opportuniste, avec une capacité à germer facilement, pour essayer de produire des nouvelles graines et ainsi augmenter le stock semencier présent.

Dormance secondaire

Les conditions humides et froides de l’hiver permettent une maturation secondaire des graines et une levée de dormance au printemps. Les graines noires retournent en dormance au début de l’été (Yao et al. 2010).

Evolution de la dormance des graines de chénopode au cours du temps (Tao et al. 2010)
Germination et levée
Paramètres de germination
Température de base4.2°C
Potentiel hydrique-0.64 MPa
phPas de préférences
Poids de la graineEnviron 1.3 mg

Le chénopode est une adventice nitrophile qui n’a pas d’affinité particulière avec un type de sol.

Sa température de germination de base est facilement atteinte au printemps (4,2 °C), avec un optimum de 24 °C (Roman et al. 2000). L’adventice a besoin d’humidité pour germer.

Un des points notables pour le chénopode est sa faible profondeur d’émergence : profondeur inférieure à 0,5 cm. Ceci s’explique par le besoin de lumière pour germer et une graine qui contient peu de réserves.

Faux-semis

Le faux semis de printemps apparaît comme un levier pertinent. Au regard des besoins en lumière pour la germination, préférer un travail du sol très superficiel. Attention à détruire rapidement (fort ancrage racinaire dès les jeunes stades). D'où l'intérêt de passages répétés.

Couverture du sol

De par sa nitrophilie et ses besoins en lumière, le chénopode est sensible à la compétition pour les ressources. Une couverture du sol par des plantes vivantes ou un mulch est ainsi un moyen de gestion efficace du chénopode. Tang et al. (2022) montrent une réduction de 50 % des levées pour un mulch de 3 t /ha. Blackshaw et al. (2004b) mettent en évidence l'intérêt de la localisation de l'apport d'azote sur la rang en culture.

Périodes de levées préférentielles

Qu’est-ce que les périodes de levées préférentielles ?

Il s’agit des périodes au cours desquelles on observe des levées de l’espèce adventice dans les champs. Issues de l’expertise terrain, elles combinent 1) des graines non-dormantes et 2) des paramètres de germination réunis. Plusieurs facteurs (changement climatique, pratiques culturales et sélection génétique) concourent à une variabilité interannuelle (ex : levées tout au long d’un hiver doux) et inter parcellaire (ex : pic de levées printanières équivalent à celui des levées automnales) de ces périodes de levées, variabilité qui s’est accentuée ces dernières années.

Courbe de levée du chénopode blanc au cours de l'année
Courbe de levée du chénopode. Source : OdERA

Le pic de levées du chénopode a lieu mi avril, mais les levées s’étalent jusqu’en octobre, ce qui explique la présence de l’adventice dans de nombreuses cultures.

Ajout de cultures d’hiver

Les levées de chénopodes sont quasi inexistantes en cultures d’hiver. Dans le cas de rotations à forte proportion de cultures de printemps, l’ajout de cultures d’hiver évite la réalimentation du stock grainier et dégrade légèrement le stock existant (mortalité des graines au cours du temps).

Production et persistance des graines

Maturité des graines (degrés-jours base 6°) :

 

900 – 1200 C°j
Quantité de semences produites par plante3000 à 20000
Épaisseur de l’enveloppe70 µm

L’épaisseur moyenne de l’enveloppe (70 µm) combinée à la petite surface (1,4 mm²) permettent aux graines de chénopode de se protéger des agressions extérieures. Le TAD est ainsi de 35 %.

Schéma de l'evolution du stock semencier du chenopode blanc au cours de différentes années
Evolution du stock semencier chénopode. Source : Agro-Transfert

Qu’est-ce que le taux annuel de décroissance ?

Le taux annuel de décroissance est une caractéristique biologique d’un stock de graines qui correspond à son pourcentage de perte de viabilité d’une année sur l’autre.​

Labour

En lien avec le taux annuel de décroissance du chénopode, le labour n’est pas un levier pertinent pour gérer le chénopode.

Ecimage

L’écimage du chénopode est une pratique intéressante compte-tenu du nombre de graines produites et de leur persistance. Sa mise en place est cependant délicate, car une fauche trop précoce accélère la croissance de la plante avec comme conséquence une production grainière plus importante.

Nuisibilité

  • Le chénopode serait un hôte du virus de la jaunisse de la betterave, ainsi de certains virus de la pomme de terre
  • Une infestation forte de chénopode ralentit les chantiers de récolte
  • Les exsudats de la racine du chénopode auraient un effet allélopathique (Qasem JR et al. 1989)
  • Le chénopode serait toxique pour le bétail s’il est ingéré en grande quantité
  • Compétition pour les ressources limitantes : lumière, eau, éléments nutritifs (nuisibilité primaire directe)

Sommaire

Cheno-photo

Reconnaissance

Pour aller plus loin

Diagnostic de la pression en adventices

OdERA

Les leviers mobilisables pour la gestion du chénopode

Fiche 1

Fiche 2

Références bibliographiques

  • Agro-Transfert Odera v2
  • Blackshaw RE, Brandt RN, Janzen HH, Entz T (2004b). Weed species response to phosphorous fertilization. Weed Sci 52:406–412
  • Infloweb Chénopode blanc
  • Loades E., Pérez M., Turečková, V., Tarkowská D., Strnad M., Seville A., Nakabayashi K., & Leubner-Metzger G. (2023). Distinct hormonal and morphological control of dormancy and germination in Chenopodium album dimorphic seeds. Frontiers in Plant Science, 14, 1156794.
  • Roman ES., Murphy SD., Swanton CJ. 2000. Simulation of Chenopodium album seedling emergence. Weed Science, 48:217-224
  • Qasem J.R, Hill T.A, 1989. Possible role of allelopathy in the competition between tomato, Senecio vulgaris L. and Chenopodium album L. Weed research, 29,5:349-356
  • Tang W., Guo H., Yin J., Ding X., Xu X., Wang T., Yang C., Xiong W., Zhong S., Tao Q., Sun J. (2022). Germination ecology of Chenopodium album L. and implications for weed management. PLOS ONE, 17(10), e0276176.
  • Yao S., Lan H., Zhang F. (2010). Variation of seed heteromorphism in Chenopodium album and the effect of salinity stress on the descendants. Annals of Botany, 105(6), 1015–1025