Gestion du temps de travail

Les légumes plein champ sont des cultures qui ont un impact très fort sur le temps de travail pour les exploitants et les salariés permanents. Elles augmentent :

  • Le temps de gestion administrative
  • Le temps de travail « technique » (temps passé sur les parcelles)
  • La fréquence et l’intensité des pics de travail

Lors des enquêtes, nous avons estimé avec les producteurs l’intensité et la répartition à l’année de ces temps de travaux.

  • Les temps de gestion administrative ont été recueillis par type de tache (gestion de la main d’œuvre, achat des intrants, négociation des contrats de vente, formations, administration des collectifs, etc.).
  • Les temps de travail techniques ont été calculés à partir des interventions sur les parcelles et les débits de chantier des outils.
  • Les temps de transport entre le corps de ferme et les parcelle et d’entretien du matériel n’ont pas été comptabilisés.

A télécharger

Fiche "Réfléchir à des systèmes légumiers biologiques et durables : Durabilité sociale"

La charge de travail totale de la main d’œuvre permanente

Le temps de travail administratif de la main d’œuvre permanente

Le temps de gestion administrative ne doit pas être sous-estimées :de 90 à 401 h/an selon les exploitations. Le temps de gestion administrative augmente avec :

  • La diversité des activités et donc des fournisseurs et des clients (ex : prestation de services, élevage, forçage des endives)
  • La diversité des formes juridiques de l’exploitation (ex : exploitations mixtes)
  • La diversité des acheteurs (négociation des contrats)
  • L’embauche et la gestion des saisonniers en direct
  • L’administration des groupements professionnels (ex : coopérative, CUMA)

Pour les deux premiers points, l’expert-comptable ou le centre de gestion vont aider à gagner du temps.

 

Le temps de travail « technique » de la main d’œuvre permanente

Nous appelons « main d’œuvre permanente » les exploitants et les salariés permanents sur le système légumier biologique. Les temps de travaux "techniques" sont les temps de travaux passés sur la parcelle. Ne sont pas comptabilisés ici les temps d’attelage/dételage des outils et les temps de trajet jusqu’à la parcelle.

Temps de travail technique de differents types de rotations avec légumes plein champ

Les temps de travaux sont plus élevés dans les exploitations spécialisées, plus petites et à plus forte valeur ajoutée. Dans ces exploitations, il y a une volonté d’être créateurs d’emplois pérennes.

Les chantiers culturaux les plus chronophages sont les récoltes et les chantiers de désherbages (mécanique et manuel).

 

 

Les leviers pour réduire les pics de travail

description des temps passés par la main d'oeuvre permanente par chantier cultural

Les postes les plus variables sont :

  • Le désherbage manuel (pic de travail en avril-juin)
  • La récolte (pic de travail en septembre-octobre).

 

Maitriser le temps passé à gérer l’équipe de saisonniers pour le désherbage manuel

« La gestion de la main d’œuvre saisonnière, c’est 6h / semaine de mai à juillet »

La gestion du nombre d’heures de la main d’œuvre occasionnelle est détaillée dans la partie "Maitriser ses couts de production"

Le temps de gestion de la main d’œuvre saisonnière varie beaucoup d’une exploitation. Les principaux facteurs de variations sont :

  • Le temps de recherche de salariés occasionnels : les agriculteurs situés à proximité de bassins d’emploi, comme les villes, ont en général plus de mal à trouver de la main d’œuvre saisonnière qui accepte de venir travailler quelques semaines.
  • La rédaction des contrats de travail « Le plus chronophage, c’est la rédaction des contrats MSA »
  • Le management d’équipe, qui conditionne aussi l’efficacité et la qualité du travail réalisés. De plus en plus d’agriculteurs recrutent des seconds d’exploitation ou des chefs d’équipe pour gérer la main d’œuvre saisonnière. « On essaie de créer de l’intérêt pour le travail afin de réduire les attitudes « je-m’en-foutiste » ou le taux d’absentéisme »

Des formations à la gestion d’équipe existent en Hauts-de-France, se renseigner auprès de :

  • Marine Duquesne-Quindroit, Chargée de développement RH du groupement d’employeurs GEIQ 3A, accueil.gieq3a@gmail.com 
  • Renseignements auprès de Raphaëlle Delporte, Chargée de projets Emploi & Alimentation (Bio-HDF) - 07 87 32 36 27, r.delporte@bio-hdf.fr
  • Son conseiller technique Bio

Les différents temps de gestion de la main d’œuvre saisonnière varient en fonction du canal d’embauche :

Atouts et limites de differents moyens d'embauche de la main d'oeuvre occasionnelle

Il n’est pas rare que les agriculteurs utilisent plusieurs réseaux pour trouver la main d’œuvre : bouche-à-oreille et Pole Emploi, par exemple. Par ailleurs, certains canaux comme les groupements d’employeurs ne sont pas flexibles sur les dates : pas de possibilité de reporter les chantiers pour cause d’aléas climatiques ou techniques (ex : disponibilité du matériel de la CUMA).

Et la main d’œuvre étrangère ?

  • Serait plus efficace et plus autonome que la main d’œuvre locale

MAIS

  • Obligation de fournir le logement
  • Interdite dans certaines chartes (ex :Bio Cohérence)
  • Peu de flexibilité sur les dates, qui doivent être choisies à l’avance

 

Maitriser le temps passé à la récolte et aux travaux post-récolte

Les principaux leviers pour réduire le temps passé par la main d’œuvre permanente pour la récolte et les chantiers de tri, conditionnement et stockage sont :

  • Faire appel à des ETA : La plupart des 7 agriculteurs enquêtés, et surtout les exploitations « spécialisées », font appel à des ETA ou à des CUMA avec chauffeur pour la moisson des céréales.
  • Introduire des cultures pour lesquelles le client vient réaliser la récolte. C’est le cas en particulier pour les légumes d’industrie, type haricot vert et pois de conserve, pour lequel les chantiers de semis et de récolte sont réalisés par des ETA et déduit du prix de vente.
  • Choisir du matériel très performant sur les débits de chantiers: C’est notamment le cas dans les exploitations qui adhèrent à des CUMA spécialisées en légumes de plein champ, qui peuvent investir dans du matériel très spécialisé et performant sur les débits de chantier. Certaines CUMA regroupent leurs chantiers de récolte pour partager le matériel de récolte, les outils de déterrage, tri et conditionnement ainsi que saisonniers pour les travaux de tri et conditionnement.

En conclusion

Les légumes plein champ sont des cultures qui créent de très forts pics de travail à la fin du printemps et en automne pour le désherbage et la récolte. Ces pics de travail sont générés non seulement par le temps passé sur les parcelles, mais aussi par la gestion de la main d’œuvre saisonnière qui demande d’acquérir des compétences de management. Le temps nécessaire pour acquérir les compétences techniques spécifiques à ces cultures (maitrise de la qualité des produits, de la levée, du désherbage, etc.) n’est pas à sous-estimer non plus.

Ces temps de travaux et ces compétences à acquérir doivent être pris en compte au moment de la création ou du développement d’une culture de Légumes Plein Champ. Il sera également pertinent de vérifier la disponibilité de la main d’œuvre saisonnière avant la création de l’activité.