Adventices
La réduction des herbicides est permise dans les systèmes de culture à différentes conditions :
- Combiner les leviers agronomiques de gestion de la flore adventice : un seul levier agronomique est rarement suffisant pour faire une impasse herbicide
- Raisonner les leviers à l’échelle du système de culture : (i) Le salissement adventice étant fonction du stock de graines adventices dans l’horizon travaillé, les leviers se réfléchissent ainsi de façon pluriannuelle, (ii) l’un des leviers agronomiques majeurs est la succession culturale
- Raisonner les leviers à l’échelle de la parcelle : (i) les leviers agronomiques sont plus ou moins efficaces selon la diversité et l’abondance de la flore adventice. D’où l’importance de faire un diagnostic parcellaire de la pression adventice. Ce diagnostic peut conduire à renforcer les leviers agronomiques sur une partie seulement des parcelles de l’exploitation. Dans les situations de salissement très important, cela peut entraîner la mise en place de solutions « pompiers » pour revenir à une pression adventice maîtrisée.
Retours d’expérience d’agriculteurs
Voici 5 agriculteurs qui ont résolu leurs difficultés de maîtrise des adventices et réduit les herbicides :
Situation initiale et objectif de l'agriculteur :
- Apparition de vulpins résistants dans les parcelles de l’exploitation à potentiel de sol plus limité (argile humifère ou sable) et petits îlots. Sur ces parcelles, les rotations sont majoritairement céréalières (peu de cultures industrielles de printemps). La densité du vulpins atteint 1000 pieds / m² dans certaines zones.
- L’exploitation est labellisée HVE 3 depuis la récolte 2020. Le recours aux herbicides est donc réfléchi de façon à répondre aux cahiers des charges du label.
Innovation mise en place :
Implantation d’un seigle fin septembre. Récolte en ensilage (débouché méthanisation) fin avril /début mai. Implantation d’un maïs en non labour suite à la récolte de la céréale immature. Mise en place sur 3 parcelles pour une surface totale d’environ 3ha.
Résultats :
- Estimation de salissement de l'agriculteur
- Socio-économique
Marge brute : Les récoltes cumulées du seigle et du maïs à destination du méthaniseur permettent une meilleure marge brute. Ceci pour des rendements d’environ 10 tMS/ha pour le seigle et 13 tMS/ha pour le maïs (résultats économiques forts dépendants du prix du blé et des rendements de la double culture).
IFT herbicides : Le seigle n’a eu aucun traitement herbicide et le maïs un traitement en post-levée. Ceci est à mettre en comparaison des 3 traitements sur blé.
Coût herbicide : Le coût des herbicides est réduit en double culture, en lien avec la moindre application de traitements.
Le temps passé est légèrement supérieur pour la double culture en lien avec la double préparation du sol avant semis. A préciser que le semis du maïs est réalisé par une ETA et le seigle et le maïs sont vendus sur pied (pas de temps à la récolte, contrairement au blé)
Situation initiale et objectif de l'agriculteur :
- Parcelle à bon potentiel, historiquement en blé sur blé. Apparition puis propagation rapide de vulpin dans la parcelle puis apparition de ray-grass. Perte estimée de 20 quintaux/ha lié au salissement graminées
- Double objectif : endiguer l’infestation graminées et saisir des opportunités de diversification (colza de printemps hybride production de semences)
Innovation mise en place :
- Intégration de 4 cultures de printemps dans la succession culturale (pois de printemps, lin, colza de printemps hybride semence, maïs grain) avec déchaumages répétés en interculture
- Labour avant réintroduction du blé
Résultats :
- Estimation de salissement de l'agriculteur
Salissement endigué pour le vulpin et le ray grass mais apparition de folle avoine
- Note de risque d'apparition des adventices OdERA
- Socio-économique
Marge brute : Les opportunités de débouchés du lin (MB : 1660 €/ha) et du colza semences (MB : 1767 €/ha) permettent une forte augmentation de la marge. Cette augmentation est donc à dissocier de la stratégie de maîtrise de la flore. Pour autant, l’agriculteur fait le choix de mettre en place les cultures à forte valeur ajoutée sur une parcelle à fort enherbement de façon à atteindre en complément de la marge annuelle, une marge améliorée sur céréales.
IFT herbicides : L’IFT du blé sur parcelle fortement enherbée (4 produits à dose pleine) est amélioré par les programmes classiques en pois, lin, colza et maïs, mais surtout in fine sur l’IFT du blé post-cultures de printemps (3 produits à dose réduite).
Coût herbicide : Les cultures de printemps ont une forte disparité de coût de désherbage chimique (de 60 à 140 €/ha) mais restent inférieures au coût du désherbage blé en situation de fort enherbement.
Le temps passé est supérieur pour les cultures de printemps, en particulier pour le lin. Les travaux de préparation du sol et la récolte sont plus chronophages.
Situation initiale et objectif de l'agriculteur :
- Parcelle réintégrée dans l’assolement après plusieurs dizaines d’années d’échanges avec un autre agriculteur. Une rotation courte colza/blé/orge associée à des désherbages de printemps a fait apparaître des vulpins résistants (ronds pouvant dépassés les 400 vulpins /m²). La parcelle a un bon potentiel bien que sa localisation ne permette pas d’y introduire de la betterave sucrière.
- Objectif : Réduire fortement la pression vulpins sur la parcelle et éviter une propagation aux autres parcelles de l’exploitation
Innovation mise en place :
- Intégration de 2 cultures de printemps successives et labour tous les 3 à 4 ans
- Faux-semis à l’automne et printemps entre les 2 cultures de printemps pour déstocker les adventices
- Intégration d’un colza (mobilisation du Kerb) associé aux repousses de lentilles et à de la féverole (couverture du sol)
Résultats :
- Estimation de salissement de l'agriculteur
- Note de risque d'apparition des adventices OdERA
- Socio-économique
La marge brute de la rotation avec cultures de printemps est légèrement inférieure car le produit à l’hectare lentille est moindre
Malgré des programmes herbicides plus poussés sur le blé et le colza de la nouvelle rotation, ceux allégés de l’orge de printemps et de la lentille permettent une réduction de presque un tiers de l’IFT
Les coûts herbicides à l’échelle de la rotation en sont réduits
Les temps passés sur les deux rotations sont quasi équivalents
Situation initiale et objectif de l'agriculteur :
- Parcelle en pente avec des problèmes d’érosion lors de fortes pluies.
- Adventices majoritairement présentes : sanve et ray-grass
Innovation mise en place :
Implantation d’un trèfle blanc nain (herse rotative + semoir) quelques jours avant le colza. Implantation du colza au semoir monograine. Broyage des cannes suite à la récolte du colza à Accès à la lumière stimule le développement du trèfle. Réalisation d’une fauche en enrubannage mi-septembre (destination élevage).
Résultats :
- Estimation de salissement de l'agriculteur
L'agriculteur est satisfait de la maîtrise des adventices par le couvert de trèfle. Seul point de vigilance : limiter la compétition du couvert avec la culture.
- Socio-économique
Marge brute : La vente de 6 tMS/ha de trèfle enrubanné a permis d’augmenter la marge brute à l’échelle de la rotation
IFT et coût herbicides : La baisse des herbicides s’explique par un programme allégé sur le blé suivant le colza (réduction de dose) grâce à la moindre de pression en adventice (concurrencée par le couvert de trèfle)
Le temps passé qui est légèrement supérieur dans le système avec couvert semi-permanent s’explique par l’implantation du trèfle
Situation initiale et objectif de l'agriculteur :
- Infestation de certaines parcelles, dans un premier temps par les bordures puis extension, de ray-grass résistant
- Double objectif : assainissement des parcelles et meilleure valorisation à l’hectare
Innovation mise en place :
- Implantation d’une culture associée colza /sarrasin précocement derrière un escourgeon
- Conditions de récolte du sarrasin à l’automne présentes 3 ans sur 5
Résultats :
- Estimation du salissement de l'agriculteur
- Socio-économique
Marge brute : Les charges culturales sont identiques entre le colza pur et l’association colza/sarrasin (le coût de semences du sarrasin est compensé par la réduction du coût herbicides). En cas de récolte, le produit sarrasin s’ajoute au produit colza.
IFT et coût herbicides : A l’exception du propyzamide qui est appliqué en pleine dose, les autres herbicides sont supprimés ou appliqués à dose très réduite.
Le temps passé : Lorsque les conditions sont favorables à la récolte, il faut bien évidemment ajouter le temps de récolte au temps passé.
Situation initiale et objectif de l'agriculteur :
Contamination des parcelles en graminées hivernales par les bordures et les outils de récolte. En quelques années, diffusion à l’ensemble des surfaces de l’exploitation
Objectifs : (1) Améliorer la résilience vis-à-vis des aléas climatiques, (2) Obtenir une certification HVE 3
Innovation mise en place :
Diversification de la rotation avec intégration de cultures de printemps telles que le tournesol, le pois protéagineux et le maïs. La diversification des cultures, outre la mobilisation des leviers agronomiques permet une diversification des matières actives
Semis des cultures de printemps avec écartement 50 cm de façon à pouvoir biner si les conditions climatiques le permettent
Résultats :
- Estimation du salissement de l'agriculteur
- Socio-économique
Marge brute : La marge brute du blé est augmentée grâce à la réduction des herbicides. Le tournesol présente une meilleure marge à l’hectare, à l’inverse du pois protéagineux. La marge brute hectare de l’assolement est ainsi en moyenne inchangée.
IFT et coût herbicides : Par volonté de la part de l’agriculteur et grâce à la diversification de l’assolement, les programmes herbicides sur les cultures historiques sont réduits (IFT blé : 3,56 à 1,90) et les nouvelles cultures ont des programmes herbicides assez légers (IFT tournesol : 1,25)
Le temps passé : Le temps de travail supplémentaire dans le nouvel assolement s’explique par l’implantation et la gestion des couverts d’interculture avant cultures de printemps et par le binage.