Le Rumex crépu et à feuilles obtuses (Rumex crispus, Rumex obtusifolius)

Les rumex sont des adventices problématiques en systèmes prairiaux, mais aussi en systèmes de grandes cultures biologiques. Les méthodes de gestion s’axent sur la réduction du stock semencier, très persistant, des rumex et sur l’extraction de leurs racines.

Rumex en bord de champ

CONTACTS

Julie Leroy
Chef de projet
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Biologie
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Habitat

Types de sols : Les rumex ont une préférence pour les sols argileux, riches en azote, compactés et au pH neutre, mais sont présents dans tous types de sols. Le rumex crépu peut se contenter de sols secs, alors que le rumex à feuilles obtuses se développe plutôt en sols frais.

Cultures : Le rumex à feuilles obtuses et le rumex crépu sont les sous-espèces de rumex les plus présentes en parcelles cultivées.

Rosette rumex crepu

Caractéristiques biologiques

Les rumex sont caractérisés par des fleurs de couleur verte à rouge, réparties en verticilles, eux-mêmes regroupés en panicules. Les deux types de rumex se distinguent par la forme de leurs feuilles. Celles du rumex à feuilles obtuses ont une forme ovale, contrairement aux feuilles du rumex crépu qui sont étroites et ondulées sur les bords :

Morphologies rumex

Les deux types de rumex possèdent un organe racinaire spécifique : une racine pivotante tubérisée qui leur sert d’organe de stockage et de reproduction végétative.

 

Cycle de reproduction

> Reproduction par les graines

La reproduction par les graines est le principal mode de propagation du rumex. Sans fragmentation du système racinaire, le rumex se comporte en pluriannuelle non vivace et se reproduit uniquement par ses graines.

Modes de reproduction rumex

Des études ont montré que des tiges fleuries peuvent continuer à produire des graines viables même après avoir été coupées : 15 % des graines d’une hampe florale verte peuvent déjà germer. Le rumex est capable de fleurir plusieurs fois par saison.

> Reproduction végétative

Multiplication végétative : Le rumex n’est pas capable de se reproduire par multiplication végétative de manière spontanée.

cycle développement rumexRégénération des fragments racinaires : La partie supérieure de la racine tubérisée du rumex est appelée le « collet ». Le collet comporte des bourgeons végétatifs, capables de former de nouvelles pousses en cas de cassure au niveau du collet. Seuls les fragments racinaires issus du collet sont capables de se régénérer de cette manière.

schema collet rumex

Le rumex devient capable de se régénérer à partir du 2ème mois de développement. La régénération est possible pour des fragments de collet d’une taille minimale de 0,5 cm.

 

Stockage des réserves racinaires

racine rumexLes réserves sont minimales au moment de la floraison pendant l’été et maximales à l’automne.

Seulement 2 à 3 semaines sont nécessaires au rumex à feuilles obtuses pour reconstituer ses réserves après une perturbation. (Zaller, 2004)

Il est possible d’effectuer des fauches répétées pour gérer le rumex, mais les fauches doivent être réalisées à une fréquence élevée (mensuelle) et sur une à plusieurs années de suite, à cause de la vitesse rapide de reconstitution des réserves du rumex. Cela représente bien souvent un travail fastidieux.

La stratégie la plus efficace est d’extraire du sol la racine tubérisée du rumex et de la ramasser. Cela peut se faire par arrachage manuel, technique la plus efficace, ou par déchaumages réalisés à l’aide d’outils adaptés (outils de type chisel par exemple). Si des déchaumages sont réalisés, une grande attention doit être portée aux interventions pour éviter de fragmenter la racine du rumex, ce qui aboutirait à la multiplication du rumex.

 

Références bibliographiques :

AGRIDEA ; 2007. Rumex. Fiche technique.

CREMER C., KNODEN D., STILMANT D., LUXEN P. ; 2007. Le contrôle des populations indésirables de rumex, chardons et orties dans les prairies permanentes. Les livrets de l’agriculture n°17.

ROTH W. ; 2005. Morphologie et physiologie du rumex à feuilles obtuses. Colloque « Le contrôle des populations de rumex en prairie permanente ». St Vith (Belgique), 6 avril 2005.

TURNER R.J., BOND W., DAVIES G. ; 2007. The biology and non-chemical control of broad leaved dock (Rumex obtusifolius L.) and curled dock (R. crispus L.).

ZALLER J.G. ; 2004. Ecology and non-chemical control of Rumex crispus and R. obtusifolius (Polygonaceae): a review. Weed Research, n°44, p.414–432

Cultures concurrentielles

Étouffement par des cultures pluriannuelles

L’implantation de cultures pluriannuelles fauchées ou pâturées ne permet pas de maîtriser les rumex :

  • Les rumex sont capables de repousser et de reconstituer leurs réserves racinaires rapidement après les fauches : 3-4 et  5-7 coupes réalisées à 2-3 semaines d’intervalles pendant 6 ans, ne permettent une diminution du nombre de rumex à feuilles obtuses que de 40% et 60%, respectivement.
  • Une même plante est capable de fleurir plusieurs fois par an.

 

Étouffement par des cultures annuelles

L’introduction de cultures sarclées ou à couvert dense (seigle, avoine, associations de céréales-protéagineux denses) est possible pour concurrencer les rumex et limiter leur développement.

Association cereale-pois AB

Travail du sol d’interculture

Le décompactage peut aider à réduire les populations de rumex, mais doit être associé à d’autres moyens de contrôle.

 

Déchaumages successifs

1) Stratégie d’épuisement

Des faux-semis sont recommandés pour épuiser le stock semencier des rumex. L’objectif est de faire lever les rumex puis de détruire  les plantules formées. Les plantules de rumex sont faciles à arracher, ce qui rend cette méthode efficace.

Ces faux-semis peuvent être effectués au printemps, vers mars-avril, ou pendant l’été avant l’implantation d’un couvert d’interculture.

 

dent courbe soc à ailettes

2) Stratégie d’extraction

L’utilisation d’outils à dents incurvées et à ailettes d’oie permet de sectionner et d’extirper les racines de rumex, où sont situés les bourgeons végétatifs. L’intervention doit être réalisée en conditions sèches pour permettre le dessèchement des fragments racinaires extraits.

Si les conditions ne permettent pas le dessèchement, les racines doivent être ramassées pour éviter qu’elles ne se réimplantent dans le sol. Pour une meilleure efficacité, les déchaumages doivent être répétés ou terminés par un labour.

 

schema repousses rumex

Labour

Les rumex peuvent être détruits par labour, s’il y a extraction de la racine principale. Sinon, les rumex sont seulement affaiblis par le labour : leur repousse est d’autant plus retardée que la racine est enfouie profondément.

Inconvénients du labour en présence de rumex : L’enfouissement des racines peut poser problème pour l’arrachage manuel. Les racines enterrées profondément, et qui ont réussi à reformer des pousses en surface, sont difficiles à arracher. Un autre inconvénient du labour est le retournement du stock semencier qui peut produire une remontée importante de graines de rumex, du fait de la durée de vie élevée de ces graines.

 

Arrachage manuel

L’arrachage manuel est actuellement la méthode la plus efficace et durable sur des infestations de rumex limitées, à condition que la racine pivot soit retirée jusqu’à 12-15 cm de profondeur. Si seulement 5-6 cm de racine sont retirés, un tiers des plantes pourra repousser.

L’arrachage peut être réalisé à la fourche ou avec des outils spécialisés, utilisés en Suisse et appelés « fourches à rumex » ou « fers à rumex ».

fourches à rumex

Pratiques en cours d’expérimentation

Raumullaria rubellaLutte biologique

L’application de rouille du rumex (Uromyces rumicis), de septoriose (Ramularia rubella) ou du coléoptère Gastrophysa viridula peut affaiblir les rumex ou entraîner la diminution de leur production de graines, mais les effets sont observés à court-terme et conduisent rarement à la mort de la plante.

 

Prototype de l'outil qui applique de l'eau à haute pressionApplication d’eau chaude sous pression

En Suisse, Agroscope met au point une méthode de destruction des rumex, avec application manuelle d’eau chaude à haute pression dans les racines. Les premiers résultats montrent une bonne efficacité : 80% des rumex traités sont détruits.

La méthode doit encore être améliorée pour limiter la consommation d’eau et d’énergie.

 

Références bibliographiques :

AGRIDEA, 2011. Rumex. Fiche technique.

CREMER C, KNODEN D, STILMANT D, LUXEN P, 2007. Le contrôle des populations indésirables de rumex, chardons et orties dans les prairies permanentes. Les livrets de l’agriculture n°17.

LATSCH R, SAUTER J, 2013. Lutte biologique contre les rumex – L’eau chaude ouvre de nouvelles perspectives. Rapport Agroscope ART 764.

D, BODSON B, VRANCKEN C, LOSSEAU C, 2010. Impact of cutting frequency on the vigour of Rumex obtusifolius. Grass and forage sciences, n°65, p.147-153.

TURNER RJ, BOND W, DAVIES G, 2007. The biology and non-chemical control of broad leaved dock (Rumex obtusifolius L.) and curled dock (R. crispus L.).

ZALLER JG, 2004. Ecology and non-chemical control of Rumex crispus and R. obtusifolius (Polygonaceae): a review. Weed Research, n°44, p.414–432.

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