Adventices
Biologie des adventices
Vulpin
Le vulpin des champs, Alopecurus myosuroides, est une graminée annuelle, appartenant à la classe des monocotylédones et à la famille des Poacées.
Caractéristiques biologiques
Dormance
La graine de vulpin des champs connaît une dormance primaire et une dormance secondaire.
Qu'est ce que la dormance ?
Une graine est dite dormante lorsque, quel que soit les conditions environnantes, elle ne germe pas. Il existe deux types de dormance : 1) la dormance primaire, caractéristique des graines produites l’année en cours, 2) la dormance secondaire, état dans lequel retourne la graine si elle n’a pas germé pendant la période propice. Selon les espèces, ces processus sont plus ou moins marqués et les facteurs entrainant l’induction et la levée de dormance plus ou moins connus.
Dormance primaire
La dormance primaire diffère selon certaines conditions de milieu. Elle est influencée par :
- La culture dans laquelle s’est développé le vulpin des champs : dormance primaire plus forte si développement en blé d’hiver par rapport au pois de printemps (Colbach et al. 2003)
- Les conditions météorologiques qu’a connu la plante mère pendant la phase de maturation des graines.

Dormance secondaire

Environ 50 % des graines de vulpin des champs présentent une dormance secondaire, c’est-à-dire que durant une période de l’année elles ne rentreront pas en germination. Cette période ne semble pas identique selon le contexte de production des graines. Le graphique présente le motif de dormance pour des graines produites en culture de blé .
Germination et levée
Paramètres de germination
Température de base | 0°C |
Potentiel hydrique | -1,53 MPa |
pH | Neutre et basique |
Poids de la graine | Entre 1 et 2mg |
Les paramètres de germination du vulpin des champs sont peu restrictifs. Le potentiel hydrique de – 1,53 MPa correspond à un sol « peu hydraté » (Académie d’Agriculture de France, 2024). A titre de comparaison, le ray-grass, le géranium et l’agrostis ont besoin de moins d’humidité de sol que le vulpin des champs alors que la matricaire camomille, la folle avoine, le gaillet gratteron, le chénopode blanc ont besoin de plus d’humidité de sol.
La température de base de germination est plus basse que toutes les adventices citées précédemment.
Faux semis
Les conditions de germination peu restrictives du vulpin des champs et la facilité de levée de dormance en font un bon candidat pour le faux-semis. Attention toutefois à l’humidité du sol : 1) au passage, nécessaire à la levée de dormance, 2) post-passage, pour l’atteinte du potentiel hydrique. Autre point de vigilance : l’efficacité du faux-semis est plus limitée si les conditions de maturation des graines (froides et humides) ont provoqué une dormance primaire forte. Les modalités de mise en place sont détaillées dans la fiche Faux-semis.
Profondeur d’émergence

Les levées de vulpin des champs ont lieu pour des graines très majoritairement enfouies dans les 2 premiers centimètres (graphique ci-contre), ceci en lien avec les faibles réserves contenues dans les graines
Périodes de levées préférentielles
Qu’est-ce que les périodes de levées préférentielles ?
Il s’agit des périodes au cours desquelles on observe des levées de l’espèce adventice dans les champs. Issues de l’expertise terrain, elles combinent 1) des graines non-dormantes et 2) des paramètres de germination réunis. Plusieurs facteurs (changement climatique, pratiques culturales et sélection génétique) concourent à une variabilité interannuelle (ex : levées tout au long d’un hiver doux) et inter parcellaire (ex : pic de levées printanières équivalent à celui des levées automnales) de ces périodes de levées, variabilité qui s’est accentuée ces dernières années.

Le vulpin des champs présente deux pics de levées préférentielles, un à l’automne et un au printemps. Des observations terrain font remonter des levées plus continues de vulpin des champs de l’automne jusqu’au printemps, bien que la R&D rencontre des difficultés à les objectiver.
Les pics de levées préférentielles rendent pertinents deux leviers : le décalage de la date de semis et la diversification de la rotation par une culture de printemps.
Production et persistance des graines
Qu’est-ce que le taux annuel de décroissance ?
Le taux annuel de décroissance est une caractéristique biologique d’un stock de graines qui correspond à son pourcentage de perte de viabilité d’une année sur l’autre.
Maturité des graines (degrés-jours base 0°) :-Début maturation-Dispersion | 1150-15001550-1900 |
Quantité de semences produites par plante | 500 à 3000 |
Épaisseur de l’enveloppe | 55,4 µm |
Le vulpin des champs est une adventice atteignant son stade physiologique de maturité en juin lors d’un développement en culture d’automne.
Les graines persistent peu de temps dans le sol, leurs enveloppes peu épaisses les rendent sensibles aux attaques du milieu. Le taux annuel de décroissance inscrit dans l’outil OdERA est de 69 %.

Ces éléments rendent pertinents trois leviers : le labour, l‘écimage et l’ensilage
Labour
La viabilité des graines enfouies est le critère d’importance pour raisonner la fréquence de labour. Pour une parcelle avec un salissement vulpin des champs modéré, le délai entre 2 labours est ainsi de 3 ans. Attention, si l’infestation est forte il persistera des graines viables 3 ans après retournement. Les graines de vulpin pouvant germer jusqu’à 10 cm de profondeur, il est important que le labour permette un bon enfouissement
Ecimage des épis et ensilage immature de la culture et adventices associées
La combinaison des facteurs "production moyenne de graines" et "paramètres de germination peu restrictifs" incite à éviter la réalimentation du stock. D’où la pertinence des deux leviers : écimage et ensilage immature. Les stades physiologiques de maturité et dispersion des semences sont à considérer pour la mise en place de ces pratiques.
Nuisibilité
- Directe : La compétition pour les ressources entre l’adventice et la culture entraine des pertes de rendement.
- Indirecte : Une infestation importante peut entrainer la verse de la céréale. A noter également le risque accru de champignons pathogènes ou maladies sur la céréale tels que l’ergot (Claviceps purpurea) ou le piétin échaudage (Gaeumannomyces graminis tritici) en année n+1 (Mézière et al., 2013).
- Secondaire : Le vulpin des champs est une adventice annuelle. La production de graine en année n entraine un risque de salissement de la parcelle les années suivante
Références bibliographiques
- Colbach C., Dürr C. 2003. Effects of seed production and storage conditions on blackgrass (Alopercurus myosuroides) germination and shoot elongation. Weed Science. 51 : 708 – 717
- Chauvel, B., Munier-Jolain N., Grandgirard D., Gueritaine G., 2002. Effect of vernalization on the development and growth of Alopecurus myosuroides. Weed Research, volume 42, n° 2. p. 166‑175
- Gardarin A., Dürr C., Colbach N., 2010a. Effects of seed depth and soil structure on the emergence of weeds with contrasted seed traits. Weed Research, 50 (2), 91-101
- Gardarin A., Dürr C., Mannino M.R., Busset H., Colbach N., 2010b. Seed mortality in the soil is related to the seed coat thickness. Seed Science Research, 20 (4), 243-256
- Gardarin A., Colbach N., 2014. How much of seed dormancy in weeds can be related to seed traits ? Weed Research, volume 55, n°1. p. 14-25
- Infloweb Vulpin des champs
- Mézière D., Lucas P., Granger S., Colbach N., 2013. Does integrated weed management affect the risk of crop diseases? A simulation case study with a grass weed and a soil-borne cereal disease. European Journal of Agronomy, 47, 33-43
- Moss S.R. 1988. Influence of cultivations on the vertical distribution of weed seeds in the soil. In : VIIIe colloque international sur la biologie, l’écologie et la systémique des mauvaises herbes, Dijon, pp 71-80