Déploiement de la démarche
Le déploiement de la démarche d’accompagnement « GAZELLE » suit son court sur les 3 groupes pilotes du projet.
Plusieurs rencontres ont pu se tenir depuis le début de l’année, malgré le peu de fenêtres libres que la météo a laissé aux agriculteurs, notamment ce printemps.
Diagnostic des pertes
Des premiers diagnostics des pertes azotées ont pu être réalisés auprès des groupes. Ainsi, les simulations des pertes azotées à l’échelle de la rotation avec l’outil Syst’N[1], sur les parcelles suivies dans le projet, ont entre autres été réalisées et discutées avec les agriculteurs.
Les simulations mettent en évidence des pertes moyennes entre 15 et 30 kg N-N03/ha/an. Les principales situations de pertes se situent derrière les cultures de printemps, notamment après pomme de terre et pois de conserve, après plusieurs semaines laissées en sol nu (en moyenne 51 kg N/ha/an ± σ = 24 kgN/ha/an) ; derrière les CIPAN qui pourraient être mieux optimisées (en moyenne 41 kg N/ha/an ± σ = 17 kgN/ha/an) ; ou encore derrière colza où les repousses pourraient aussi être mieux optimisées (en moyenne 41 kgN/ha/an ± σ = 24 kgN/ha/an). Une analyse est en cours pour identifier plus finement les facteurs expliquant la variabilité des pertes simulées.
Le partage de ces simulations a généré de riches moments d’échanges, de pédagogie et de questionnements. Les agriculteurs ont apprécié cette approche ludique, pertinente et adaptée à leur système pour réfléchir aux pratiques à modifier pour limiter les pertes azotées. Même si les échanges sont à poursuivre, plusieurs idées d’actions ressortent des discussions : interculture courte (quand les dates de récolte du précédent le permettent), anticipation de la date d’implantation de la CIPAN (avec test du semis à la volée avant moisson), destruction plus tardive des CIPAN (quand les conditions pédoclimatiques le permettent), repousses de colza associées à l’implantation d’une moutarde, destruction plus tardive des repousses de colza (quand la pression insecte, maladie et adventices le permettent), ou encore, adaptation de la succession de culture pour permettre une meilleure absorption de l’azote après un précédent riche.
Échange autour des situations de pertes avec les agriculteurs mobilisés sur le groupe de Lesquielles
Objectifs de résultats fixés
En ce qui concerne les objectifs de résultats, la limitation des concentrations en nitrate sous racinaire à 50 mg/L fait consensus. Cet objectif de qualité de l’eau est associé à la performance économique des exploitations pour l’un des groupes ; pour un autre, il serait a priori couplé à la recherche d’une autonomie azotée (à approfondir lors de la prochaine rencontre). Le troisième a fait le choix de se fixer un objectif plus générique de limitation des pertes (incluant également les pertes par volatilisation), associé à un objectif de stockage carbone (également à définir plus précisément lors de la prochaine rencontre) dans une volonté de préserver la matière organique de leurs sols. Ces objectifs de résultats ont pu être construits ensemble grâce au jeu enjeux (cf article suivant).
Les discussions se poursuivront à l’automne lors de tours de plaine autour des couverts. Occasion de peaufiner les objectifs de résultats à atteindre, de finir de co-construire le tableau de bord propre à chaque groupe et d’observer collectivement les premiers tests d’action proposés par les agriculteurs suivis.
[1] Syst’N : outil de simulation des flux azotés à l’échelle de la rotation https://systn.ea.inrae.fr/