Maitriser les coûts de production

Provision pour risquesLes surfaces cultivées en légumes de plein champs biologiques sont en augmentation, notamment parce que la demande des consommateurs, des organismes de distribution et des agro-industries augmente. Toutefois, les investissements nécessaires à ces cultures sont assez lourds et les rendements très variables. Nous proposons ici d’analyser les coûts de production des rotations avec LPC des 7 exploitations enquêtées, pour identifier les leviers de gestion sur les principaux postes :

  • Intrants
  • Matériel: harmoniser le choix des cultures et le parc matériel et partager les outils.
  • Main d’œuvre occasionnelle : calculer le seuil de rentabilité pour chaque culture, planifier et étaler les besoins en main d’œuvre et maîtriser l’enherbement.

Les coûts de production ont été calculés sur l’ensemble de la rotation avec LPC. Les coûts totaux ont été ramenés à l’hectare.

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Fiche "Réfléchir à des systèmes légumiers biologiques et durables : Maîtriser les coûts de production"

couts de production des systèmes de culture LPC bio enquêtés

Ce graphique montre que les couts de production varient beaucoup d’une exploitation à l’autre, en particulier les couts d’intrants, de matériel et de main d’œuvre occasionnelle. Les coûts de production moyens à l’hectare sont en général plus élevés sur les systèmes « spécialisés » que les systèmes « diversifiés » ce qui compense le fait que les surfaces de ces derniers soient plus grandes.

Nous avons cherché à comprendre ce qui fait varier autant ces coûts pour en déduire des marges de manœuvre et des leviers de gestion pour mieux appréhender la gestion de ces couts.

NB : ici, les couts de main d’œuvre permanente ont été calculés avec le même revenu horaire pour toutes les exploitations, les marges de manœuvre et leviers de gestion seront donc présentés dans la partie « durabilité sociale ».

Les intrants

Les intrants représentent 10 à 27 % des charges à l’échelle de la rotation, selon la part des cultures qui la composent.% des charges de chaque culture LPC bio dédiée au intrants

Ce sont surtout les achats de semences et plants qui sont élevés en LPC bio, de 1500à 3000€/ha selon les cultures. Il y a peu de marges de manœuvre pour réduire ces coûts.

Le coût élevé des semences et plants implique un besoin en trésorerie important pour les systèmes légumiers. Ce besoin doit être anticipé dans les plans prévisionnels de trésorerie.

Le parc matériel

Le cout moyen du matériel à l’échelle de la rotation varie de 1000 à 2800 €/ha. Ce coût comprend l’amortissement des outils et des tracteurs, les frais d’entretien et la consommation de carburant. Le premier facteur qui explique les différences observées entre les exploitations est le nombre d’hectares cultivés : plus les exploitations sont grandes, moins le coût moyen du matériel (en €/ha) est élevé. Mais il existe d’autres facteurs qui font varier le coût moyen du matériel.

Les leviers de gestion pour réduire les coûts de mécanisation sont :

  • L’augmentation de la surface d’amortissement

1) En achetant le matériel à plusieurs (Nécessite la présence de producteurs de LPC bio proches)

2) En l’utilisant sur plus de surfaces :

    • Intensification de la rotation en LPC  ! Durabilité agronomique !
    • Choix de pratiques qui nécessitent le même matériel (ex : buttage de tous les LPC)
    • Adaptation des outils pour les céréales aux LPC ou l’inverse (ex : bineuse modulable)

3) En faisant de la prestation de service (Nécessite des producteurs de LPC proches et un aménagement du temps de travail)

 

  • L’augmentation de la durée de vie du matériel

1) En gardant le matériel plus longtemps

2) En achetant du matériel d’occasion

MAIS Risque de panne technique et/ou augmentation du temps passé à l’entretien

 

  • La réalisation des chantiers les plus spécifiques et couteux par des ETA (exemple des légumes verts d’industrie)

 

Des références sur le matériel nécessaire aux légumes plein champ biologiques sont disponibles ici

Choisir des cultures qui nécessitent le même matériel

La plupart des rotations contiennent des pommes de terre, qui sont cultivées en butte. Cela permet d’introduire d’autres cultures en buttes, pour lesquelles le matériel « pomme de terre » pourra être utilisé et sera amorti sur de plus grandes surfaces.

 

Certains outils peuvent être utilisés sur plusieurs cultures selon les spécificités techniques dont ils disposent :

  • Défaneur thermique : possibilité de l’utiliser comme désherbeur thermique en pré-levée uniquement s’il est possible de régler la puissance (il brule les pousses de la culture s’il est trop puissant). A l’inverse, les déherbeurs thermiques ne sont pas toujours assez puissants pour pouvoir défaner.
  • Herse étrille : en pré-levée ou post-levée, son utilisation est beaucoup plus variée si les dents sont réglées individuellement (type Treffler).

Pour en savoir plus sur les outils de désherbage utilisés en légumes plein champ : http://www.lpcbio.org/PDF/article_AA118.pdf

Pour en savoir plus sur les chantiers de récolte des légumes plein champ

Partager les outils spécifiques aux légumes plein champ

Les légumes de plein champ nécessitant de nombreux outils spécifiques à cette culture, le levier le plus utilisé par les producteurs pour réduire leurs coûts de mécanisation est de partager les outils les plus couteux avec des agriculteurs proches. Cependant, tous les outils ne peuvent pas être partagés de la même manière pour des raisons de disponibilité.

La main d'oeuvre occasionnelle

La main d’œuvre est un facteur clé pour la réussite des légumes de plein champ biologiques

La rémunération de la main d’œuvre occasionnelle représente 3 à 26% des charges de la rotation. Cette variabilité est surtout liée à la part et au type de légumes dans l’assolement :

  • L’oignon est la culture qui nécessite le plus de main d’œuvre saisonnière.
  • La main d’œuvre saisonnière est surtout nécessaire pour le désherbage manuel. Des saisonniers peuvent également être embauchés pour le déterrage / conditionnement / tri des produits après la récolte, mais le nombre d’heures est en général beaucoup moins significatif, car seul 2 ou 3 ouvriers sont nécessaires.
  • Les exploitations spécialisées en légumes bio sont aussi celles qui mobilisent le plus de main d’œuvre occasionnelle pour le désherbage manuel (en moyenne par hectare).

Les leviers de gestion pour optimiser cette main d’œuvre occasionnelle sont :

Calculer le seuil de rentabilité (en h/ha) de la main d’œuvre occasionnelle

Le calcul est intéressant pour le désherbage manuel, en fonction du rendement que l’on souhaite obtenir et du prix de vente.

Nous vous proposons ici les seuils que nous avons calculé à partir des coûts de production moyens de plusieurs exploitations, charges de structure et rémunération du temps « exploitant » passé sur la parcelle comprises. Ces seuils de rentabilité doivent être recalculés en fonction des charges de structure et du contexte de l’exploitation.

Possibilité de mobiliser de la main d’œuvre facilement

La main d’œuvre est plus facilement mobilisable si son temps de présence sur l’exploitation est de quelques mois. L’objectif, pour certains producteurs, est donc d’étaler l’activité en choisissant les cultures assolées en conséquence.

Maîtrise de l’enherbement

Les exploitations avec plus d’ancienneté ont, en tendance, moins d’heures de désherbage manuel. Il est possible de supposer que les systèmes avec plus d’ancienneté maitrise mieux l’enherbement.

Les différences entre les 2 types de systèmes sont dues :

  • A la volonté plus marquée des agriculteurs « spécialisés » de contribuer à l’emploi local
  • Aux rotations plus chargées en cultures chronophages dans les systèmes « spécialisés » 

Pour en savoir plus sur la maitrise des adventices