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Complémentarités Cultures & Élevage

Connaître

Pourquoi s’intéresser aux complémentarités cultures et élevage ?

Depuis de nombreuses années, le contexte agricole français tend à faire reculer l’élevage (conjoncture économique peu favorable, polémiques sociétales, charge et astreinte de travail contraignantes pour les éleveurs…). Cette tendance est particulièrement marquée en Hauts-de-France.

Pourtant, l’équilibre entre élevage et cultures tient une place centrale dans les modèles agroécologiques pour permettre de diminuer l’utilisation d’intrants et l’émission de polluants grâce à ce que nous appelons les complémentarités entre cultures et élevage.

Les complémentarités cultures et élevage, services écosystémiques et optimisation des ressources

La définition retenue par le projet Complémentarités cultures et élevage est la suivante :

Les services délivrés par les complémentarités cultures et élevage sont de quatre sortes :

Tableau synthétique des complémentarités cultures et élevage 

Ce tableau classe les complémentarités cultures et élevage étudiées dans le cadre du projet du même nom par service et par échelle :

Schéma du cercle vertueux des complémentarités cultures et élevage

Ce schéma présente l’ensemble des complémentarités cultures et élevage étudiées dans le projet, sous la forme de flèches symbolisant les interactions et les flux entre les composantes du système de production :

Pourquoi avoir produit une définition ?

a polyculture-élevage, définie par la présence conjointe de productions animales et végétales sur une exploitation agricole, est historiquement le modèle dominant en France. Cette définition structurelle a, au cours des dernières décennies, montré ses limites :

  • La coexistence de productions animales et végétales sur une même exploitation ne suffit pas à en tirer des bénéfices agroécologiques (Perrot et al., 2011),
  • Les interactions entre productions animales et végétales peuvent se faire au-delà des limites d’une exploitation agricole.

C’est pourquoi la communauté scientifique s’est penchée sur une définition fonctionnelle des interactions entre cultures et élevage. Dans le cadre du projet européen Cantogether, un modèle conceptuel a appréhendé le volet fonctionnel suivant deux approches : les flux de matières en vue d’améliorer l’efficience des ressources et les services écosystémiques en vue de substituer les intrants chimiques (Moraine et al., 2012). Les termes, pour désigner les interactions entre cultures et élevage,  sont multiples : intégration, synergies, couplage, complémentarités. Tous ces termes sont proches bien que présentant des disparités dans les interactions prises en compte : spatiales, temporelles, organisationnelles, de recyclage, de diversité…  C’est pourquoi il était important de définir le terme choisi dans le cadre du projet Complémentarités cultures et élevage et d’en préciser les contours. Après une étude des interactions spatiales, de flux de matières et organisationnelles, le projet a fait le choix de se centrer sur les deux premières. En effet, ce projet tout comme d’autres travaux nationaux n’a pas permis de mettre en valeur l’impact positif des complémentarités cultures et élevage sur les aspects organisationnels des exploitations agricoles en Hauts-de-France.

Pour aller plus loin, quelques éléments bibliographiques :

Une marge de développement importante en région

Des enquêtes réalisées dans les Hauts-de-France auprès d’une soixantaine d’exploitants (Terrier, 2015) (Flament, 2016) montrent qu’une part importante des exploitations de polyculture-élevage se limite aux pratiques de complémentarités dites classiques : consommation de maïs ensilage par le troupeau, valorisation de l’herbe et épandage des effluents sur l’exploitation. Elles sont peu envisagées dans les stratégies de production. De même, peu d’interactions sont mises en place entre exploitations spécialisées hormis des échanges paille-fumier.

Les complémentarités cultures et élevage dans les systèmes de production des Hauts-de-France

Le graphique présenté dans cette section présente les systèmes agricoles des Hauts-de-France rencontrés dans l’enquête, classés selon le type et le degré de mise en place des complémentarités cultures et élevage :

La typologie issue des enquêtes auprès d’une soixantaine d’agriculteurs n’est pas forcément exhaustive, mais fait apparaître des systèmes de polyculture-élevage et élevage spécialisés qui mettent en place des complémentarités cultures-élevage. Celles-ci sont majoritairement à l’échelle de l’exploitation. Certains systèmes laitiers ont recours aux complémentarités entre exploitations via les échanges paille-effluents. Cependant, rares sont les exploitations qui présentent des complémentarités fortement présentes, que ce soit de par leur diversité (intra-consommation de méteil protéagineux, pâturage des dérobées…) ou de par leur intensité (épandage des effluents sur l’ensemble de la SAU, intégration significative de prairie temporaire dans la rotation…).

 

Une étude réalisée à l’échelle nationale dans le cadre du Casdar RED SPyCE montre que les Hauts-de-France sont une des régions où les complémentarités cultures-élevage au sein des exploitations de polyculture-élevage sont malgré tout les moins développées :

Cartographie tirée d’une présentation de Pierre Mischler dans le cadre du Casdar RED SPyCE lors du Colloque Polyculture-élevage de Dijon en 2017. Voir le diaporama complet sur le site de l’Idèle

 

N.B. : L’analyse présentée dans la cartographie précédente est issue des données sur réseau Inosys. Les exploitations de ce réseau sont plus performantes que la moyenne des exploitations nationales. Ces résultats donnent cependant une bonne idée de la situation nationale.

Des initiatives innovantes en région ou à proximité

La vision d’ensemble des pratiques renforçant les complémentarités, mises en place en région montre qu’elles sont plutôt marginales. Un focus sur les exploitations qui les mettent au cœur de leur stratégie de production montre qu’il est possible de rencontrer des agriculteurs en région qui vont assez loin dans la mise en place de pratiques permettant de renforcer les complémentarités.

Voici une galerie de portraits qui présente huit initiatives innovantes :

Panorama des connaissances sur les complémentarités cultures et élevage

Dans cette partie sont regroupés des ressources et des exemples non exhaustifs, produits par différents organismes sur les pratiques de complémentarités, regroupées selon la classification présentée plus haut.

Fourniture d’aliments pour l’élevage

Optimisation du pâturage

La gestion du pâturage est une des interactions les plus classiques en élevage. Pour autant, les possibilités d’optimisation sur l’exploitation et entre exploitations sont très importantes et de nombreux agriculteurs innovent sur cette interaction.

Quelles innovations dans les exploitations ?Galerie de portraits en régionGalerie de portraits hors région
Optimiser la gestion du pâturage avec des élevages complémentaires entre euxGAEC du Thon (02) OVGAEC Marcilly (89) OV
Ajuster les effectifs à l’herbe disponible / Augmenter l’herbe disponible par animalFabrice (62) BVMonika (63) OV
Organiser le pâturage tournantPierre (62) BLBernard Racapé (35) BL
Pâturage de céréales immatures ou de dérobées GAEC du Larzac (12) OV
Pâturage de betteraves Vincent Bienfait (56) OV
Pâturage des refus par les génisses EARL Arnevez Amzer (22) BL
Groupement des vêlages pour suivre la pousse de l’herbe Etienne Legrand (50) BL
Engraissement au pâturage Jean-Marc Pacheteau (79) BV
Préserver le bocage au service des prairies Véronique et Philippe Guitton (44) BL
Échanger ses parcelles pour augmenter le pâturage Claude et Christine Marchais et Marc Bréau (72) BL

Consommation de fourrages et de concentrés fermiers

Les complémentarités cultures et élevage permettent d’augmenter l’autonomie alimentaire des élevages en s’appuyant sur différentes stratégies de production des aliments.

Quelles innovations dans les exploitations ?Galerie de portraits en régionGalerie de portraits hors région
Un séchoir en grange pour améliorer la conservation et la valeur alimentaire des fourragesHannebique (62) BLGAEC Delahais (76) BV
Grouper les vêlages pour mieux gérer les besoins alimentaires du troupeauRouyere (60) BVBernard BLIN (58) BV
Diversifier le système fourrager avec des prairies temporaires et du méteil pour des fourrages plus protéiquesCore (02) BLEARL du Trèfle (29) BL
Valoriser un fourrage riche en protéines comme la luzerneJosselin (60) OVGAEC de la Bourgaignière (35) BL
Adapter la complémentation au plus juste pour mieux valoriser les fourrages en système robotEARL Jouen (60) BL 
Fabriquer un aliment concentré fermier à partir des cultures d’un voisin Sylvain Calasnives (46) BV
Adapter les espèces fourragères au type de sol et à la conduite Jean-Pierre Guernion (22) BL
Valoriser de la betterave fourragère Alain et Michel Eulriet (54) BL
Valoriser des mélanges céréaliers Gérald Séchet (49) BV
Produire son propre concentré protéique avec la féverole Christian Chemin (35) BL

Valorisation de coproduits agricoles

Valorisation de résidus et de coproduits de cultures

La valorisation des résidus et des coproduits des cultures par les animaux (alimentation et/ou litière) permet une meilleure utilisation des ressources. En fonction des cultures et des industries agroalimentaires à proximité des élevages, les opportunités de valorisation peuvent varier.

Quelles innovations dans les exploitations ?Galerie de portraits en régionGalerie de portraits hors région
Échanger de la paille contre des effluents d’élevage Joeffrey, Jean-Michel et Thomas (18) BV/SE
Une alternative à la paille : le paillage bois Brice Bousquet (09) BL
Consommation de résidus de maïs semences Jérémy Fraysse (82) BV
Valorisation de la paille de colza GAEC de Kergoulas (29) BL
Mise en place d’un silo sandwich pour valoriser plusieurs coproduits dans la ration EARL le Mitan Cranne (35) BL
Valorisation de pulpes surpresséesChristophe et Delphine Depourcq (80) BV 
Récupération de la chaleur dégagée sous les litières pailléesEtienne Périn (62) BL 
Trituration du colza à la ferme Nicolas Tison (61) BL

Entretien de la fertilité des sols et fertilisation des cultures

Fixation de l’azote par des légumineuses à destination des animaux

Les légumineuses ont de nombreux effets positifs sur les systèmes de culture dont la fixation d’azote atmosphérique. L’élevage apporte un débouché à ces cultures et favorise leur insertion dans les systèmes de production.

Quelles innovations dans les exploitations ?Galerie de portraits en régionGalerie de portraits hors région
Introduire des légumineuses fourragères à destination d’un élevage voisinMathieu Lancry (59) SEDominique et Arnaud (18) BV/SE
Produire des protéagineux à destination d’un élevage voisin Eric et Norbert (37) BL/SE
Diminuer les apports en azote grâce à l’effet précédent des prairies temporairesGAEC des 3 vallées (62) BLAnnick Bril et Eric Odienne (27) BL
Moins d’apports d’engrais grâce aux protéagineux à destination des animaux GAEC Couayroux (32) BV
Cultures de ventes et cultures fourragères associées EARL Le chalet (32) BV
Introduire du lupin dans les rotations Astrid Granger (14) BV

Apports au sol et aux cultures de matières organiques issues des effluents d’élevage

De nombreuses connaissances sur les besoins des plantes et les cycles des minéraux sont disponibles sur le net. Pourtant, la marge de progression dans la gestion de l’azote reste importante. Les effluents d’élevage sont un levier de cette gestion optimisée.

Quelles innovations dans les exploitations ?Galerie de portraits en régionGalerie de portraits hors région
Valorisation du lisier sur céréales et méteilsEmmanuel Decayeux (80) VLEARL Tessier (35) BL
Séparateur de phaseBruno, Patrice, Nadine et Simon MEURA (02) BL 
Méthanisation à la ferme EARL Ker Noe (22) BL
Calcul d’un indice de nutrition pour mieux valoriser les effluents sur prairies Susana Ciscares (24) BV
Compostage du fumier sur l’exploitation GAEC Francou (05) BV
Méthanisation collective COOP CUMA de ST Quentin (24) BL
Échange herbe-digestat avec un voisin Cyrille Ducat (08) BL/SE

Régulation des bio-agresseurs

Diversification et allongement de la rotation avec des cultures destinées à l’élevage

L’un des pilier principaux de la lutte alternative contre les bio-agresseurs est la diversification et l’allongement des rotations. L’élevage offre un débouché pour un panel de nouvelles cultures qui peuvent avoir un effet important dans les rotations.

Quelles innovations dans les exploitations ?Galerie de portraits en régionGalerie de portraits hors région
Allonger les rotations avec des cultures autoconsomméesJulien Fasquelle (62) BV 
Échanger et mettre en commun du foncier pour allonger les rotations Bernard et Michel (44) CL/SE
Introduire des prairies temporaires courtes (ou luzerne) dans la rotationEmmanuel Woronoff (02) BVDidier Duédal (27) BV
Des prés-vergers pour réduire l’utilisation de produits phytosanitairesSCEA du Clos Bernard (60) OVDomaine du Manoir (14) BL
Introduire des prairies temporaires longues dans la rotation Guillaume Vallée (44) BV
Allonger les rotations avec des cultures à destination d’élevages voisinsFrançois Théry (62) SE 

Maintien d’une couverture au sol

La couverture du sol via des couverts permanents ou l’implantation de couverts d’intercultures, permet de limiter le développement des adventices. La valorisation des couverts par les animaux permet d’améliorer la rentabilité de cette interaction.

Quelles innovations dans les exploitations ?Galerie de portraits en régionGalerie de portraits hors région
Reconsidérer ses intercultures en tant que ressources pour un éleveur voisin Dominique et Christelle (38) OV/SE
Semis-direct des prairies temporaires pour maintenir un couvert permanent Ferme de Maillan (31) BV
Choisir les espèces pour optimiser le couvert GAEC de la Loubière (12) BV
Pâturage de dérobées par des ovins Michel Delmas (46) OV
Pâturage de dérobées par des bovins GAEC de Kergoadel (22) BL
Des CIVES pour le sol et pour alimenter un méthaniseur dont la chaleur permet de sécher le fourrage Stéphane Choquet (35) BL