Le tableau de bord : l’outil d’animation des groupes pilotes

Rappel sur ce qu’est un tableau de bord

Il s’agit d’un outil pédagogique qui permet de planifier et piloter un programme d’action. Comment ? En ayant une vision claire des objectifs de résultats visés par un groupe d’agriculteurs, en les déclinant en actions mesurables et efficaces et en s’assurant des liens de cause à effet entre pratiques et objectifs visés.

Comme l’illustre le schéma suivant, le tableau de bord est un puissant :

- outil de pilotage pluriannuel, puisqu’il traduit un plan d’action sous une forme dynamique permettant de suivre l’évolution des actions entreprises et des résultats obtenus ;

- outil d’animation, puisqu’il permet d’organiser les actions d’animation et les observations en vue de renseigner le tableau de bord, d’atteindre les objectifs fixés et d’initier les échanges, le partage d’expérience et les débats autour des actions entreprises ;

- outil de communication, puisqu’il permet d’illustrer les efforts fournis par les agriculteurs et d’avoir un langage commun sur le territoire,

- outil d’aide à la décision sur mesure permettant de s’adapter au contexte local : il n'y a pas une agriculture en Hauts-de-France mais une multitude de contextes pédo-agro-climatiques ; construire un tableau de bord personnalisé permet d’explorer les pratiques innovantes adaptées aux agrosystèmes locaux et de créer un véritable référentiel local.

La diversité des tableaux de bord obtenus sur les groupes d’agriculteurs pilotes du projet

Les ateliers de l’hiver 2022-2023 ont permis de coconstruire avec les agriculteurs l’essentiel des informations composant les tableaux de bord. Le printemps a ensuite été une période propice pour travailler avec les animateurs sur la structuration caractéristique du tableau de bord : dessiner les liens de causes à effets entre actions et objectifs attendus, et mettre en musique l’ensemble des éléments établis avec les groupes de manière logique et cohérente.

Voici 2 exemples de tableau de bord obtenus respectivement sur les groupes de Caix et de Lesquielles :

Zoom sur l’aide à l’animation et le pilotage des actions

Le tableau de bord permet à l’animateur d’organiser ses actions d’animation et les planifier dans le temps. Comme le synthétise l’illustration ci-dessous, à chaque partie à renseigner du tableau de bord correspond une action d’animation qu’il est alors possible de décliner sur un calendrier. Cela permet aux agriculteurs de connaitre les temps forts du collectif et à l’animateur de s’organiser :

Comment le perçoivent les agriculteurs et les animateurs ?

Les tableaux de bord ont été très bien reçus par les agriculteurs. Ils apprécient le fait qu’il donne une image complète et synthétique des résultats obtenus sur la qualité de l’eau et les efforts fournis pour les atteindre. Ils apprécient également le fait qu’il illustre les pratiques qui ont un effet réel sur la qualité de l’eau et adaptées au contexte de leurs systèmes et leurs sols. Aussi, ils apprécient le fait qu’il soit encourageant ! Il met en avant leurs initiatives et les marges de progrès qu’ils peuvent atteindre. Cette logique est vertueuse et appréciée.

Comme l’a également souligné un agriculteur du groupe de Sacy et le Plaine d’Estrées, il met en avant le raisonnement par objectif de résultats en n’imposant aucun moyen mais en mettant en avant les pratiques connues pour atteindre le résultat visé « ce qui est bien avec ce tableau de bord, c’est qu’il n’y a pas de dates obligatoires, c’est plus souple et plus cohérent, il conseille plus globalement d’implanter un couvert le plus tôt possible après récolte ». Il les incite à faire de leur mieux en prenant en compte leurs aléas.

Côté animateurs, le tableau de bord est bien perçu aussi. Le groupe de travail entre animateurs des groupes pilotes du projet en mai dernier a permis de recenser leur point de vue et faire un bilan d’étape. Ce qui ressort principalement est qu’il s’agit d’une « bonne méthode pour structurer le conseil ».

Aurélie, animatrice du groupe de Caix, a pu en proposer une version simplifiée dès le début de la mobilisation des agriculteurs l’an passé et y voit un outil qui permet de passer à l’action « je l’ai déjà testé, ils ont mis en place des actions dès 2022 ».

Marie, animatrice du groupe de Sacy et de la Plaine d’Estrées, l’a présenté comme « notre outil de cheminement collectif » lors de la dernière réunion avec ses agriculteurs, qui ont tous acquiescé.

Le tableau de bord s’illustre dans GAZELLE comme être un véritable outil au service du collectif.

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L’atelier de co-conception : comment combiner qualité de l’eau et objectif personnel de l’agriculteur ?

L’enjeu qualité de l’eau fédère le groupe pilote animé par Marie. Les agriculteurs se sont fixés collectivement un objectif de RDD à ne pas dépasser de 50 kg N/ha/an. Les agriculteurs du groupe ayant des systèmes de production et des objectifs variés, ils ont choisi de réaliser des ateliers de co-conception chez chaque agriculteur pour creuser l’objectif commun de qualité de l’eau en parallèle de leur objectif personnel.

 

Préparation de l’atelier de co-conception

En amont de la réunion, Marie s’est entretenu avec François pour bien définir son objectif. L’objectif premier de l’atelier était de répondre à la question de François : « valoriser au mieux le reliquat d’azote après le pois de conserve pour le transformer en matière organique ». Tout en respectant l’objectif qualité de l’eau fixé collectivement, et ce, à l’échelle du système de culture, c’est-à-dire en regardant les flux d’azote derrière toutes les intercultures.

Dans le cadre de la démarche d’accompagnement du projet, Marie a pu réaliser une simulation Syst’N® sur chacune des parcelles suivies sur le groupe, dont celles de François. Cette simulation a été retravaillée en amont de l’atelier avec un sol moyen caractéristique de chez François et avec la normale climatique réalisée dans le cadre des cas-types régionaux du projet GAZELLE pour lisser les effets du climat et avoir des valeurs moyennes contextualisées sur le calcul de l’azote immédiatement disponible à l’automne avant le drainage.

Déroulé de l’atelier de co-conception

L’atelier de co-conception s’est déroulé en 2h avec 5 agriculteurs. La nouvelle extension nitrate de l’outil Mission Ecophyt’eau, réalisée par le réseau CIVAM, a été utilisée.

Dans un premier temps François a pu présenter son système de culture aux autres agriculteurs présents, qui ont posé leurs questions de compréhension au fur et à mesure. François était ouvert à toute nouvelle proposition pour optimiser la gestion de son couvert derrière pois de conserve.

Dans un deuxième temps le plateau de jeu de l’outil Mission Ecophyt’eau extension nitrate a été mis en place. Le plateau de jeu permet d’avoir une vision rapide de l’azote en jeu, correspondant à l’azote disponible en entrée hiver, c’est-à-dire le reliquat début drainage dans le sol (qui dépend de la minéralisation de l’humus, l’apport de produits organiques en été-automne, le reliquat à la récolte, la minéralisation des résidus de culture et le supplément de reliquat dû à la fertilisation) et l’azote piégé en été-automne par la culture ou le couvert en place.

 

Plusieurs cartes composent le jeu, telles que les cartes cultures, intercultures ainsi que d’autres ressources permettant de représenter l’azote en jeu chaque année de la rotation. Les valeurs des cartes, la minéralisation du sol et des produits organiques ont été ajustées avec les simulations Syst’N®, pour adapter les valeurs génériques du jeu aux systèmes de François. Les cartes ont été positionnées sur le plateau, puis les flux d’azote ont été calculés derrière chaque interculture de la succession. L’azote en jeu a ainsi été représenté entre chaque précédent-suivant.

Enfin, dans un troisième temps la reconception du système de François pour répondre à son objectif a pu démarrer et de nombreuses propositions ont pu en découler sur : les techniques d’implantation des couverts, le travail du sol, le type d’espèces à insérer dans ses couverts, la densité de semis, la quantité d’apport de produits organiques, la destruction des couverts, les analyses de sol ou encore l’optimisation de la fertilisation. Le plateau de jeu a été modifié avec les propositions des agriculteurs.

L’objectif qualité de l’eau est atteint avec un RDD de 50 kg/N par ha à l’échelle du système de culture et avec deux propositions de couverts à mettre derrière pois de conserve : un couvert très diversifié (phacélie + féverole + vesce velue + moutarde d’Abyssinie + radis + colza) et un couvert plus simple (moutarde + radis).

Plusieurs cartes composent le jeu, telles que les cartes cultures, intercultures ainsi que d’autres ressources permettant de représenter l’azote en jeu chaque année de la rotation. Les valeurs des cartes, la minéralisation du sol et des produits organiques ont été ajustées avec les simulations Syst’N®, pour adapter les valeurs génériques du jeu aux systèmes de François. Les cartes ont été positionnées sur le plateau, puis les flux d’azote ont été calculés derrière chaque interculture de la succession. L’azote en jeu a ainsi été représenté entre chaque précédent-suivant.

 

Les résultats de l’atelier

Les différentes propositions ont été faites à François, motivé pour tester par la suite les deux types de couverts proposés.  Pour évaluer l’impact de ces couverts sur les pertes azotées, des suivis biomasse seront réalisés, l’azote restitué par ses couverts sera estimé et des reliquats début drainage seront prélevés.

Les agriculteurs présents ont bien participé à l’atelier, chacun a pu exprimer ses idées. Ils semblaient tous intéressés par les propositions discutées et pour suivre les résultats des deux couverts.

De plus, les agriculteurs des BAC suivis par Marie, ont demandé lors des deux réunions du 5 juin (cf article  « Les groupes pilotes s’organisent pour passer à l’action ! ») les propositions faites à l’issue de  l’atelier de co-conception. Ce qui montre l’intérêt des agriculteurs des BAC pour les actions entreprises dans le groupe pilote GAZELLE.

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Les groupes pilotes s’organisent pour passer à l’action !

Sur le groupe pilote de Caix 

Le 26 juin dernier, les agriculteurs du groupe de Caix se sont réunis chez Louis Lebrun, l’un des agriculteurs du groupe. L’objectif était triple pour cette riche séance de travail :

- discuter des résultats du tableau de bord à jour (cf article Tableau de bord),

- parcourir l’évaluation économique de chaque levier d’action du tableau de bord (en écho à l’objectif de résultat du groupe qui est de réduire leurs pertes nitriques sous-racinaires tout en maintenant leur revenu),

- organiser la mise en œuvre de ces actions.

Les agriculteurs ont réussi cette année à atteindre les objectifs de résultats en termes de qualité de l’eau, même si les reliquats début drainage moyens pondérés dépassaient légèrement l’objectif fixé.

Les échanges autour du coût et gains potentiels associés à chaque levier d’action ont été riches et appréciés. Quelques améliorations de la méthodologie d’évaluation économique ont pu être proposées par les agriculteurs (fournir le prix réel des semences, ajout du coût de la main d’œuvre, etc).

Aurélie, animatrice du groupe, suivra tout au long de l’été les avancées des agriculteurs à travers les photos des actions mises en œuvre que les agriculteurs lui enverront (implantation des couverts, évolution des repousses, levées des couverts semés à la volée avant moisson, etc). Aurélie suivra également un certain nombre d’indicateurs visuels et simples pendant l’interculture : évolution des couverts, proportion des espèces dans le mélange du couvert une fois levé, dégradation des résidus de culture, etc.

Les pesées de biomasse des couverts et des repousses de colza, le suivi des indicateurs visuels au champ pendant l’interculture ainsi que la mise à jour annuelle des simulations Syst’N® permettront de constituer un véritable référentiel sur le territoire et d’affiner au fil des années les seuils du tableau de bord.

 

Sur le groupe pilote de Lesquielles

Le 7 juillet dernier, les agriculteurs du groupe de Lesquielles se sont réunis pour discuter des résultats obtenus en 2022-2023 et des leviers d’action à mettre en œuvre pour l’année 2023-2024. Julien, animateur de ce groupe, a pu leur présenter le tableau de bord complet avec les indicateurs suivis et les résultats obtenus (cf article Tableau de bord). 17 parcelles sont suivies et ont été paramétrées avec l’outil Syst’N®, permettant d’avoir un panel de résultats complet à l’échelle du groupe. Les agriculteurs ont pu valider les actions et les divers indicateurs du tableau de bord qui illustrent de manière précise les différents flux d’azote disponible à l’échelle du système de culture.

Cette année, de nombreuses parcelles seront en interculture longue, de quoi suivre l’action principale du groupe qui est d’optimiser les couverts d’interculture pour maximiser leur absorption. Un agriculteur se questionnait sur le mélange à implanter avant le lin de printemps afin d’avoir un couvert dense pour capter un maximum d’azote. Cela a été l’occasion d’utiliser ensemble l’outil qui aide à composer un mélange d'interculture, en donnant les densité de semis pour chaque espèces, selon leur importance souhaitée dans le mélange. De plus une fiche sur les leviers d’action pour optimiser l’implantation des couverts a été réalisée, pour résumer les points clés de la formation suivie par les agriculteurs du groupe cet hiver.

Les actions planifiées pour 2023-2024 ont été validées avec les agriculteurs : suivi de l’évolution des couverts et pesées de biomasse ; visite d’essai sur les couverts végétaux ; prélèvements des reliquats début drainage ; formation en lien avec la gestion des produits organiques ; et mise à jour des simulations Syst’N® pour suivre les différents objectifs et indicateurs du tableau de bord (pertes par lixiviation, reliquat post-récolte, azote minéralisé entre récolte et début du drainage…).

En plus de la qualité de l’eau, les agriculteurs se sont fixés un autre objectif : « tendre vers une autonomie azotée à l’échelle du système de culture ». Lors de la réunion, les agriculteurs ont pu valider l’indicateur de suivi, à savoir le pourcentage d’azote fournit par son système de culture. Un indicateur qui permet de prendre en compte et d’approfondir les nombreux enjeux du groupe pilote. A suivre !

 

Sur le groupe pilote de Sacy et la plaine d’Estrées

Marie Gillet est animatrice de différents Bassins d’Alimentation de Captages (BAC) pour la communauté de communes Liancourtois Vallée dorée et Plaine d’Estrées et la commune de Sacy-le Grand. Elle est également animatrice du groupe pilote de Sacy et de la Plaine d’Estrées, composé de dix agriculteurs moteurs, répartis sur les différents BAC qu’elle suit et souhaitant aller plus loin techniquement.

Bac de Sacy - Labruyère

Bac de la plaine d'Estrées

Marie a organisé mi-juin deux réunions sur les BAC qu’elle suit pour faire le bilan de la période de drainage 2022-2023 et analyser collectivement les résultats obtenus des reliquats début drainage. Ces réunions ont été l’occasion de présenter aux agriculteurs la mise en place du groupe pilote GAZELLE et ses avancées, et également la 1ère ébauche du tableau de bord.

Marie souhaite à travers ce groupe pilote GAZELLE approfondir, davantage qu’elle ne peut le faire sur l’ensemble de ses BAC, la compréhension des flux d’azote dans les systèmes de culture locaux. Son objectif est de diffuser plus largement auprès des autres agriculteurs des BAC concernés, les avancées du groupe pilote et les actions qui ont porté leur fruit pour limiter les pertes de nitrate.

Le tableau de bord construit au printemps, suite aux ateliers hivernaux avec les agriculteurs, pourra inspirer les autres agriculteurs des BAC. Lors de ces réunions, où l’ensemble des agriculteurs du BAC étaient conviés, les agriculteurs ont pu faire leurs retours, positifs, sur le tableau de bord et poser leurs questions sur le groupe pilote. La présentation des objectifs de résultats du BAC couplé à la présentation du tableau de bord les ont intéressé : « chacun peut adapter ses leviers d’une année sur l’autre, c’est ça qui est bien dans la présentation, on fait ce qu’on peut faire » (un agriculteur).

Les agriculteurs ont pu rebondir sur les leviers proposés par le groupe pilote, qui n’ont pas été remis en question. Les agriculteurs ont souligné aussi l’importance de l’action visant à maximiser l’absorption des couverts d’interculture. De nouvelles idées de leviers ont été émises par les agriculteurs, comme par exemple le suivi de la minéralisation du sol pour mieux comprendre les dynamiques, réaliser des essais sur des couverts permanents, semer après un pois de conserve une avoine en dérobée puis une betterave, et enfin détruire ses couverts avec des moutons.

Un suivi des leviers auprès des agriculteurs du groupe pilote sera réalisé dès cet été avec des pesées de biomasse, des reliquats début drainage, des tours de parcelles pour observer les intercultures courtes, etc. Marie continuera à communiquer sur les avancées du groupe pilote auprès des autres agriculteurs des BAC qu’elle suit pour que les actions du groupe pilote rayonnent autour de lui.

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Les fiches cas-types : le nouvel incontournable des conseillers – animateurs

Les cas-types régionaux, coconstruits avec les partenaires du projet, sont des fiches pédagogiques pour sensibiliser les agriculteurs aux risques de pertes azotées et aux leviers d’action mobilisables pour améliorer la gestion de l’azote à l’échelle du système de culture.

14 systèmes de culture typiques en Hauts-de-France ont été simulés avec l’outil Syst’N® (outil de simulation des pertes azotées vers les milieux et de dynamiques d’azote dans les plantes et le sol à l’échelle de la rotation culturale). Les résultats sont présentés sous forme de fiches pédagogiques qui permettent d’identifier les situations de pertes dans les systèmes étudiés et d’en comprendre les facteurs. L’originalité de ces fiches réside également dans les idées de pratiques à adapter, fournies avec les potentiels de réduction de pertes.

L’ensemble de ces fiches sont libres d’accès à travers la plateforme suivante : https://view.genial.ly/63c15a480dfc67001353fef9/presentation-cas-types-gazelle

Elles permettent de :

  • Apporter des éléments de connaissances sur le cycle de l’azote,
  • Ouvrir le dialogue sur le sujet des pertes azotées,
  • Fournir des ordres de grandeur de pertes d’azote, traductible en euro par hectare, sur les principaux systèmes de culture et sols de la région,
  • Donner envie de tester de nouvelles pratiques, voire, d’intégrer un collectif pour les approfondir.

Des interventions d’une demi-journée sur la façon dont elles ont été coconstruites et pour se projeter dans leurs usages dans l’accompagnement des agriculteurs ont eu lieu auprès de plusieurs groupes de conseillers, animateurs et techniciens en région. Si vous aussi, vous souhaitez que nous intervenions dans votre structure, n’hésitez pas à contacter Justine Chauvin (j.chauvin@agro-transfert-rt.org).

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Interprétation collective des RDD : Redoutable, Dynamique, Déterminant

Indicateur privilégié pour faire le lien entre pratiques culturales et qualité de l’eau, le Reliquat Début Drainage (RDD) est au centre des tableaux de bord, eux-mêmes au cœur de notre démarche. Pour les mettre à jour annuellement et faire émerger les leviers d’actions qui permettront d’atteindre le RDD objectif (c’est-à-dire le niveau de RDD à ne pas dépasser pour obtenir une eau de qualité sur les parcelles suivies), il est nécessaire d’interpréter collectivement les reliquats obtenus. Pour cela, l’animateur ne doit pas le faire à la place des agriculteurs mais les laisser interpréter par eux-mêmes leurs résultats. Les agriculteurs détiennent toutes les clés pour les expliquer !

En effet, laisser les agriculteurs interpréter leurs résultats est bien plus pédagogique ! L’animateur ne doit en aucun cas se positionner en sachant, bridant tout échange entre pairs, mais doit favoriser la prise de parole de chacun, guider les agriculteurs en cas de doute, les motiver à comprendre. Pour cela, l’animateur pose des questions clés de type « que pensez-vous de vos résultats ? », « êtes-vous surpris ? », « comment vous expliquez cette valeur-là ? », « selon vous, pourquoi est-on au-dessus/en dessous de l’objectif de résultats ? », etc. Au fil des échanges, inspirés par les facteurs mis en évidence par les uns, les hypothèses des autres, les retours d’expérience personnels, les agriculteurs du groupe déterminent les facteurs qui peuvent expliquer leur niveau de RDD. Dans les situations sur nos groupes pilotes où l’animateur a su adopter cette posture, les agriculteurs ont su s’exprimer, expliquer leur RDD et les échanges ont débouchés sur des pistes de travail pour cette année 2023.

Comment représenter les résultats ?

Tous les RDD sont représentés sur un même histogramme. Cela permet d’avoir une vision globale des résultats du groupe. Aucune anonymisation n’a été demandée par les agriculteurs de nos groupes, une bienveillance naturelle s’installe pour se comparer intelligemment. Le nom des parcelles est donc précisé en abscisse.

 

L’objectif de RDD fixé au préalable par le groupe (à l’aide des supers livrables du projet GAZELLE) est représenté par une barre horizontale. L’objectif est d’être en dessous de ce seuil ! Cette représentation est très visuelle pour se situer.

Il peut être intéressant de classer les RDD par précédent aussi. Cela permet de mettre en lumière les pratiques vertueuses et innovantes en allant plus loin. Par exemple, comparer des RDD derrière colza permet de mettre en évidence différentes modalités de gestion de repousses.

Et l’azote piégé par les couverts alors ?

L’idéal pour cet atelier d’interprétation collective des RDD est d’avoir réalisé des pesées de biomasse des couverts, repousses ou cultures en place, à la même période que les prélèvements de sol. À l’aide de la méthode MERCI[1], gratuite et simple d’utilisation, il est possible de déterminer la quantité d’azote piégé par le couvert en place au début du drainage. Il est alors pertinent de représenter ce que l’on appelle l’azote en jeu : correspondant à la quantité d’azote dans la plante en plus de la quantité d’azote dans le sol au début du drainage. C’est l’ensemble de cet azote qui est à interpréter. Plus l’azote est piégé par le couvert végétal en place, moins il est présent dans le sol et donc moins il est susceptible de lixivier !
Ajouter une barre correspondant à cet azote piégé par le couvert en place au-dessus du RDD correspondant est très pédagogique pour évaluer la capacité de piégeage de nitrate de ce couvert.

Cela permet aussi de mettre en évidence d’autres situations de faible RDD, celles avec peu d’azote piégé par le couvert : cela signifie que l’agriculteur a mis en place d’autres leviers, à un autre moment de la rotation, qui a permis de limiter les pertes. C’est très inspirant et illustre parfaitement qu’il n’y a pas un seul moyen pour atteindre les résultats escomptés !

Derniers conseils pour l’animateur

Il est conseillé d’écrire au fur et à mesure sur un paper-board les facteurs mis en évidence par les agriculteurs en distinguant les facteurs expliquant les RDD inférieurs et supérieurs à l’objectif de résultat visé. Cette prise de note est précieuse pour synthétiser les échanges qui vont bon train, pour mettre en avant les pratiques vertueuses et pour identifier les leviers d’actions qui permettraient de mieux faire.

Aussi, si l’animateur est plus à l’aise de commencer cet atelier par un apport de connaissance, sur lequel se raccrocher pour ne passer à côté d’aucun facteur d’interprétation ou tout simplement pour aider les agriculteurs qui rencontreraient des difficultés à interpréter ses résultats, un arbre des facteurs expliquant les RDD a été créé dans le cadre du projet. Il permet de balayer l’ensemble des facteurs à parcourir pour comprendre son RDD.

[1] https://methode-merci.fr/

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Des groupes pilotes moteurs pour améliorer leur conduite azotée !

Sur le groupe pilote de Caix 

Les 7 agriculteurs mobilisés sur la Zone d’Action Renforcée de Caix sont très moteurs et impliqués dans la démarche GAZELLE. Dès 2022, des micro-essais étaient testés et suivis sur les parcelles du projet : différentes dates de destruction des repousses de colza, différentes modalités d’intercultures courtes, etc. Les réunions hivernales ont permis d’analyser en détail les résultats de ces leviers testés et plus largement les résultats de reliquats début drainage obtenus sur le groupe. Occasion de mettre à jour le tableau de bord de suivi des résultats et des actions, bien avancé et maîtrisé sur ce groupe.

Fin janvier, Romain Crignon, ancien chef du projet « Multifonctionnalité des couverts d’interculture » à Agro-Transfert, est intervenu auprès des agriculteurs du groupe, en réponse à leurs questions et besoins. Romain les a ainsi formé aux nombreux services permis par les couverts et aux leviers d’action pour optimiser leur implantation, notamment en conditions limitantes. Courant février, un autre atelier s’est tenu autour des simulations avec Syst’N® des flux d’azote sur leurs parcelles pour identifier les leviers d’actions à approfondir en 2023. En ligne de mire : atteindre le double-objectif du groupe qui consiste à limiter les pertes par lixiviation en dessous de 20 kgN/ha/an tout en maintenant leur performance économique (évaluation économique des leviers testés approfondie ce printemps).

Ces réunions courant janvier et février ont eu lieu chez Louis Lebrun, l’un des agriculteurs du groupe, et ont laissé place à de très bons moments d’échanges et de convivialité !

Sur le groupe pilote Agr’eau-Logic dans le cambraisis

Les agriculteurs du GIEE Agr’eau-logic impliqué dans le projet GAZELLE ont fait le choix de se fixer un objectif plus global de réduction des pertes azotées à hauteur de 30 % d’ici 3 ans tout en visant une dynamique de stockage de carbone dans leurs sols.

La méthodologie proposée pour creuser ce double objectif « carbone et azote » était en 3 étapes, soit 3 ateliers distincts.

En lien avec l’objectif de résultat de réduction des pertes azotées, un premier atelier s’est tenu fin janvier. Les reliquats début drainage des parcelles suivies ont été analysés, des connaissances sur les pertes par volatilisation et par lixiviation ont été apportées et des simulations de flux d’azote avec Syst’N® ont été partagées. Des leviers d’actions visant à allonger la durée des couverts, à apporter les engrais organiques sur couverts développés, ou encore à modifier les successions de culture ont ainsi été discutés.

En lien avec l’objectif de résultat de stockage carbone, un deuxième atelier s’est tenu mi-février, en deux temps. La matinée, Jean-Christophe Mouny, spécialiste du stockage carbone et de l’outil SIMEOS-AMG® à Agro-Transfert est intervenu pour former les agriculteurs à la gestion des matières organiques et aux leviers pour stocker plus de carbone. L’après-midi, les simulations avec l’outil SIMEOS-AMG® sur les parcelles des agriculteurs suivis a permis de discuter des potentiels de stockage carbone chez chaque agriculteur ainsi que des leviers qui permettraient de viser le maintien voire l’augmentation de ces stocks (stocks initiaux déjà très élevés sur le groupe !). Ainsi, des leviers visant à augmenter la biomasse des couverts et à introduire des cultures ou des pratiques restituant plus de carbone au système ont été discutés.

Enfin, un dernier atelier s’est tenu mi-mars pour approfondir les synergies et antagonismes entre les leviers « azote » et les leviers « carbone » en creusant l’impact de chaque levier sur les 2 objectifs visés : réduire les pertes azotées de 30 % et viser une dynamique de stockage carbone de l’ordre de 110 kg/ha/an. Les ateliers associés à chaque levier et les échanges ont été très enrichissants. Les leviers visant à augmenter la biomasse des couverts et à reconcevoir les systèmes de culture sont ressortis comme les plus prometteurs pour atteindre ce double objectif. Ces leviers seront approfondis dès le printemps.

Sur le groupe pilote de Lesquielles

Les agriculteurs du groupe de Lesquielles se sont réunis début janvier pour analyser les campagnes de reliquat début drainage, associées aux pesées de biomasse réalisées à la même période (voir deuxième article de cette newsletter). L’objectif était aussi de revenir sur les paris pris lors du tour de plaine des couverts, en automne dernier, sur les estimations de biomasse produite et d’azote piégée par les couverts des agriculteurs du groupe. Cette réunion a aussi fait l’objet d’apport de connaissances et a permis de discuter de la méthodologie à suivre pour approfondir le double objectif sur ce groupe : limiter les concentrations en nitrate sous-racinaire à 45 mg NO3-/L tout en tendant vers une autonomie azotée.

Les agriculteurs se sont également réunis le 22 février pour assister à la formation de Romain Crignon, comme sur le groupe de Caix et en réponse également aux questions et besoins des agriculteurs du groupe, sur les services permis par les couverts et les leviers d’action pour optimiser leur implantation, notamment en conditions limitantes.

Sur le groupe pilote de Sacy et la plaine d’Estrées

Le groupe de Sacy et de la Plaine d’Estrées est composé de 10 agriculteurs répartis sur les différents Bassins d’Alimentation de Captages (BAC) animés par Marie Gillet, pour la communauté de communes Liancourtois Vallée dorée et Plaine d’Estrées et la commune de Sacy-Le-Grand. L’objectif pour l’animatrice est d’aller plus loin techniquement avec les agriculteurs de ce groupe pour diffuser leurs avancées plus largement auprès des autres agriculteurs des BAC concernés.

Suite à leur demande, une formation à la gestion de l’azote a été organisée début février et animée par l’équipe GAZELLE à Agro-Transfert. L’objectif était qu’à l’issue de cette formation, les agriculteurs du groupe maîtrisent les principaux processus composant le cycle de l’azote, notamment de pertes azotées, et également d’identifier les leviers d’actions adaptés à leur système permettant de les limiter. De riches échanges, des exercices d’application tout comme des réflexions poussées (comme l’illustre la photo) ont ponctué cette belle journée.

Le groupe s’est réuni une seconde fois en février pour analyser collectivement les résultats des RDD, en appliquant la méthodologie décrite dans le deuxième article de cette newsletter. Des leviers d’actions très variés ont émergé : allonger le cycle des couverts, détruire les repousses plus tardivement, modifier les successions de culture pour réduire la durée de sol nu, intercultures courtes, fractionnement des engrais minéraux sur cultures de printemps et bien d’autres leviers innovants.

La suite de l’animation prévue sur le groupe est elle aussi innovante. L’enjeu qualité de l’eau fédère le groupe, l’objectif correspondant, fixé collectivement, vise à limiter leur RDD à 50 kg N/ha/an. Les agriculteurs ayant des systèmes de production, des objectifs et des projets personnels divers et variés, le choix a été de se porter sur des ateliers de co-conception chez chaque agriculteur du groupe pour creuser collectivement et pour chacun d’eux, leur objectif associé à la qualité de l’eau. Le premier atelier de co-conception aura lieu en juin.

Le groupe est très moteur et apprécie la démarche par objectif de résultat structuré autour du tableau de bord, véritable « support de notre cheminement collectif ».

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Séminaire autour du Reliquat Début Drainage (RDD) : un partage d’expérience porteur pour GAZELLE

Pourquoi ce séminaire ?

Le Reliquat Début Drainage (RDD), aussi appelé Reliquat Entrée Hiver (REH) ou Azote Potentiellement Lessivable (APL), réunit les experts du sujet depuis maintenant de nombreuses années dans le cadre du RMT anciennement « Fertilisation et Environnement », aujourd’hui RMT BOUCLAGE.

Néanmoins, la fréquence et la durée de chaque rencontre ne permettaient pas de partager efficacement les retours d’expérience de chacun et d’avancer sur les freins, leviers et usages de ce reliquat.

Pour partager plus efficacement « les joies et les peines » autour de ce REH, Gembloux AgroBioTech et Agro-Transfert ont organisé un séminaire du 30 mai au 3 juin dernier, dans le cadre exceptionnel des Alpes de Hautes-Provences, dans le village de Peyresq. « Se déconnecter pour mieux se connecter » était les maîtres mots de ce séminaire.

Repartis en 6 sessions thématiques, les 25 contributeurs du séminaire ont pu exposer leurs retours d’expérience et échanger avec les autres participants sur les questions en suspens, les forces et faiblesses des dispositifs et discuter des perspectives.

Les sessions en détail

  • La 1ère session portait sur les retours d’expérience autour des prélèvements et de l’échantillonnage des reliquats. Les difficultés logistiques, le point de vue des laboratoires, la variabilité spatiale des prélèvements ou encore la profondeur d’échantillonnage ont ainsi été discutés.
  • Dans la 2ème session, le lien entre mesures de RDD et qualité de l’eau a pu être approfondi à travers des dispositifs expérimentaux à différentes échelles : parcelle, drain et bassin versant.
  • La 3ème session était dédiée au couplage entre mesures de RDD et modélisation. Ce que permettent des outils comme Lixim, STICS et Syst’N ont ainsi été abordés : évaluation des pratiques agricoles, estimation du risque de lixiviation ou encore détermination des dates de début drainage. Dans cette session, la méthode mise en place dans le cadre de GAZELLE par Agro-Transfert, pour estimer les créneaux de prélèvements idéaux de RDD sur les Zones d’Actions Renforcées en Hauts-de-France, a été présentée et a suscité un vif intérêt.
  • Le traitement des données mesurées et l’interprétation qui pouvait être faite de ces reliquats ont été approfondis dans une 4ème session. La diversité des méthodes suivies a permis d’ouvrir le champ des possibles en termes de pistes d’interprétation et de valorisation des données collectées.
  • La 5ème session portait spécifiquement sur l’accompagnement des agriculteurs autour du RDD : différentes démarches d’accompagnement et d’animation de territoire ont ainsi été présentées et débattues.
  • Enfin, la 6ème session portait sur les retours d’expérience de syndicats d’eau ou bureau d’étude autour de la mise en place de Paiements pour Services Environnementaux, construits à partir du RDD comme indicateur.

Une analyse transversale de ces retours d’expériences, réalisée par Agro-Transfert et l’INRAE, a permis de clôturer le séminaire en faisant émerger les principaux usages du RDD. Chaque usage du RDD ayant un cadre d’application, des acteurs impliqués et une finalité qui lui sont propres.

Suites à donner

Chaque contributeur de ce séminaire a rédigé un article restituant son retour d’expérience. Les échanges lors du séminaire vont permettre d’en alimenter les discussions. L’ensemble de ces articles sera compilé dans un ouvrage à paraître à la fin d’année.

Ce séminaire fut un succès et unanimement enrichissant pour tous les participants, tant sur le plan professionnel qu’humain. Le fait de s’isoler 4 jours consécutifs sur une même thématique n’est pas habituel. Néanmoins, tous les contributeurs sont sortis convaincus de la nécessité de l’avoir fait, le reliquat début drainage étant un indicateur au très fort potentiel, encore mal compris et complexe à interpréter. Ce séminaire et l’ouvrage qui en découlera contribueront à une meilleure compréhension de ce reliquat, à lever certaines idées reçues et difficultés pour mieux l’utiliser et le déployer, notamment dans notre projet GAZELLE.

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Le jeu enjeux : le brise-glace autour de la gestion de l’azote

L’accompagnement proposé dans GAZELLE va au-delà l’enjeu de la qualité de l’eau et vise à traiter les enjeux prioritaires pour les exploitants autour de la table pour les mobiliser dans la démarche.

La première étape pour co-contruire ce que l’on appelle le projet de groupe (qui sera ensuite traduit en tableau de bord, cf newsletter précédente) consiste à identifier l’ensemble des enjeux à considérer en parallèle de la qualité de l’eau. Pour ce faire, nous avons imaginé un jeu simple permettant à chaque agriculteur du groupe d’exprimer ce qui le préoccupe, les enjeux qui le tiennent à cœur, pour lui, pour son exploitation ou pour son territoire.

L’idée est de choisir parmi un ensemble de thématiques illustrées, correspondant à des enjeux ou problématiques à différentes échelles (comme illustrée dans la figure ci-dessous), 3 sujets qui les préoccupent, qui les intéressent le plus ou qu’ils voudraient approfondir. Ce choix restreint est difficile mais les pousse à hiérarchiser leurs préoccupations.

Après un court temps de réflexion individuelle d’environ 5 minutes, chaque agriculteur est invité à décrire les 3 sujets retenus et pourquoi. L’animateur doit alors accompagner l’agriculteur à développer un maximum son ressenti, en chiffrant ou détaillant une situation précise par exemple. Ce tour de table structuré permet de recueillir l’avis de chacun et de faire émerger collectivement les enjeux prioritaires à coupler à la qualité de l’eau dans la suite de la démarche.

Les retours sur ce jeu, qui a été testé sur les 3 groupes pilotes, ont été positifs. Sur 2 des groupes, les agriculteurs ont pu choisir 3 enjeux en plus de la qualité de l’eau, considérée dès le départ comme enjeu central pour eux. Les résultats sont diversifiés et riches d’enseignements. En plus des performances agronomiques et économiques, on ressent une préoccupation autour du maintien voire l’augmentation de la teneur en matières organiques des sols. L’autonomie azotée, la limitation des pertes azotées, de meilleures connaissances sur les interactions sol-plante-climat ressortent de manière franche. Le changement climatique, la qualité de production et la biodiversité ont également été développés à plusieurs reprises.

Au-delà d’identifier les sujets à approfondir en plus de la qualité de l’eau, ce jeu permet de mettre en évidence les attentes et les freins des agriculteurs du collectif. A travers les échanges qui ont lieu lors du tour de table, les motivations du groupe émergent, tout comme les services attendus par une meilleure gestion de l’azote, permettant également d’initier la réflexion autour des objectifs de résultats à atteindre.

Ce jeu a aussi pour vocation d’illustrer que tous les enjeux sont liés ensemble. En agissant sur l’un d’eux, on a nécessairement un impact sur les autres. L’objet de la démarche est de trouver le juste compromis vertueux pour l’environnement comme pour l’agriculture du territoire.

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Point d’étape sur l’avancée de nos groupes pilotes

Déploiement de la démarche

Le déploiement de la démarche d’accompagnement « GAZELLE » suit son court sur les 3 groupes pilotes du projet.

Plusieurs rencontres ont pu se tenir depuis le début de l’année, malgré le peu de fenêtres libres que la météo a laissé aux agriculteurs, notamment ce printemps.

Diagnostic des pertes

Des premiers diagnostics des pertes azotées ont pu être réalisés auprès des groupes. Ainsi, les simulations des pertes azotées à l’échelle de la rotation avec l’outil Syst’N[1], sur les parcelles suivies dans le projet, ont entre autres été réalisées et discutées avec les agriculteurs.

Les simulations mettent en évidence des pertes moyennes entre 15 et 30 kg N-N03/ha/an. Les principales situations de pertes se situent derrière les cultures de printemps, notamment après pomme de terre et pois de conserve, après plusieurs semaines laissées en sol nu (en moyenne 51 kg N/ha/an ± σ = 24 kgN/ha/an) ; derrière les CIPAN qui pourraient être mieux optimisées (en moyenne 41 kg N/ha/an ± σ = 17 kgN/ha/an) ; ou encore derrière colza où les repousses pourraient aussi être mieux optimisées (en moyenne 41 kgN/ha/an ± σ = 24 kgN/ha/an). Une analyse est en cours pour identifier plus finement les facteurs expliquant la variabilité des pertes simulées.

Le partage de ces simulations a généré de riches moments d’échanges, de pédagogie et de questionnements. Les agriculteurs ont apprécié cette approche ludique, pertinente et adaptée à leur système pour réfléchir aux pratiques à modifier pour limiter les pertes azotées. Même si les échanges sont à poursuivre, plusieurs idées d’actions ressortent des discussions : interculture courte (quand les dates de récolte du précédent le permettent), anticipation de la date d’implantation de la CIPAN (avec test du semis à la volée avant moisson), destruction plus tardive des CIPAN (quand les conditions pédoclimatiques le permettent), repousses de colza associées à l’implantation d’une moutarde, destruction plus tardive des repousses de colza (quand la pression insecte, maladie et adventices le permettent), ou encore, adaptation de la succession de culture pour permettre une meilleure absorption de l’azote après un précédent riche.

Échange autour des situations de pertes avec les agriculteurs mobilisés sur le groupe de Lesquielles

Objectifs de résultats fixés

En ce qui concerne les objectifs de résultats, la limitation des concentrations en nitrate sous racinaire à 50 mg/L fait consensus. Cet objectif de qualité de l’eau est associé à la performance économique des exploitations pour l’un des groupes ; pour un autre, il serait a priori couplé à la recherche d’une autonomie azotée (à approfondir lors de la prochaine rencontre). Le troisième a fait le choix de se fixer un objectif plus générique de limitation des pertes (incluant également les pertes par volatilisation), associé à un objectif de stockage carbone (également à définir plus précisément lors de la prochaine rencontre) dans une volonté de préserver la matière organique de leurs sols. Ces objectifs de résultats ont pu être construits ensemble grâce au jeu enjeux (cf article suivant).

Les discussions se poursuivront à l’automne lors de tours de plaine autour des couverts. Occasion de peaufiner les objectifs de résultats à atteindre, de finir de co-construire le tableau de bord propre à chaque groupe et d’observer collectivement les premiers tests d’action proposés par les agriculteurs suivis.

[1] Syst’N : outil de simulation des flux azotés à l’échelle de la rotation https://systn.ea.inrae.fr/

 

 

 

 

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Renouveler l’approche de la gestion de l’azote en région

L’objectif de projet GAZELLE : fournir aux agriculteurs les éléments pour mieux comprendre les dynamiques azotées et améliorer la gestion globale de l’azote au sein de leurs systèmes de culture.

Schématiquement, l’animateur et les agriculteurs en groupe établissent ensemble la destination à atteindre (= les objectifs de résultats). Les agriculteurs disposent d’une boussole et de toutes les cartes (= nos fiches pédagogiques, nos supports de formations, nos animations, nos simulations des flux azotés, etc.), pour déterminer eux-mêmes, avec l’aide de l’animateur, l’itinéraire à suivre pour atteindre cette destination.

La première phase du projet (2020-2021) a permis de construire le prototype de la démarche d’accompagnement des agriculteurs. Elle se structure autour d’un projet de groupe, établi collectivement et définissant notamment les objectifs de résultats à atteindre. Ce projet de groupe est traduit en tableau de bord : outil simple, pédagogique et dynamique. Il permet tout au long de l’année d’évaluer l’atteinte ou non des objectifs (à travers des indicateurs observés au champ, mesurés ou encore simulés) et surtout de prévoir des ateliers, tours de plaine et interventions adaptés à son animation.

Pour accompagner les animateurs dans la mise en œuvre de cette démarche d’accompagnement, la conception du tableau de bord et l’animation du groupe, un prototype de boîte à outils a été conçu au cours de ces 2 premières années de projet. Composée de guides pour chaque étape de la démarche, de supports pédagogiques, de méthodes d’aide à l’interprétation des pertes azotées, de fiches cas-types régionaux avec interprétation et ouverture aux leviers d’actions mobilisables, et bien d’autres ressources à améliorer et consolider avec les retours d’expérience des animateurs et agriculteurs !

Ce retour d’expérience est au centre de la phase 2 du projet (2022-2024). L’objectif de cette deuxième phase est de tester la démarche d’accompagnement et la boîte à outils auprès de groupes d’agriculteurs pilotes du projet ! A ce jour, 3 groupes pilotes sont volontaires pour l’expérimentation

Ces tests grandeur nature permettront d’améliorer les ressources construites en phase 1 et d’en créer de nouvelles, répondant aux besoins et objectifs des agriculteurs mobilisés. L’idée est de coupler les objectifs qualité de l’eau à d’autres objectifs : économiques, sociaux, agronomiques, etc. Ils permettront aussi d’évaluer les forces et les faiblesses de cette démarche et l’appropriation par les acteurs de ce nouveau raisonnement.

Pour suivre l’évolution du projet et de déploiement-test de la démarche d’accompagnement sur les groupes pilotes, nous vous invitons à vous inscrire à la newsletter du projet GAZELLE

Pour plus d’informations sur le projet ou la démarche, contactez : m.delesalle@agro-transfert-rt.org

 

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